Revue de presse Indonésie - 22 septembre 2016

Indonésie : lancement d'une campagne contre les mutilations génitales

Après un premier échec en 2006, l'Indonésie lance une campagne contre les mutilations génitales qui touchent près de la moitié des fillettes de onze ans. Copie d'écran de Channel News Asia, le 22 septembre 2016.
Après un premier échec en 2006, l'Indonésie lance une campagne contre les mutilations génitales qui touchent près de la moitié des fillettes de onze ans. Copie d'écran de Channel News Asia, le 22 septembre 2016.
Channel News Asia – Pas facile pour ce pays à forte majorité musulmane de se prononcer avec autant de clarté sur l’excision et les mutilations génitales féminines. Mais l’Indonésie, sous l’impulsion de sa ministre de la Condition de la Femme, Yohana Yembise, a lancé une campagne nationale contre les mutilations génitales féminines, tenant ainsi tête aux multiples associations religieuses du pays, hostiles à toute forme d’interdiction. En 2006, l’Indonésie avait déjà essayé de combattre ces mutilations qui touchent près de la moitié des fillettes de onze ans, mais les législateurs avaient été obligés de renoncer à tout semblant de loi ou de décision face à la violente opposition des organisations religieuses.

D’après l’Unicef, trois fillettes sur quatre sont excisées avant l’âge de six mois, le plus souvent par des sages-femmes. Ces mutilations qui consistent en l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes (clitoris et petites lèvres, voire grandes lèvres) ont de graves conséquences sur la santé des femmes : outre les risques d’hémorragie et d’infection, elles entraînent des problèmes lors de l’accouchement, des fausses-couches, sans oublier une sexualité souvent douloureuse.

Les défenseurs des droits de l’homme en Indonésie se battent depuis de nombreuses années pour l’interdiction de ces pratiques mais se heurtent à l’opinion communément admise qu’en Indonésie ces mutilations seraient moins importantes que celles pratiquées au Moyen-Orient ou en Afrique. En Indonésie, la procédure consiste en effet le plus souvent en une « simple » ablation des petites lèvres ou du clitoris, sans aucune forme de suture comme dans certains pays africains. En revanche pour les défenseurs de ces pratiques, il s’agit avant tout d’une tradition culturelle avec un impact social. Ainsi, dans de nombreuses régions de l’archipel, les filles non excisées ne peuvent trouver de mari.

La tâche sera difficile car, souligne Grata Endah Werdaningtyas du ministère des Affaires étrangères, cette nouvelle campagne doit viser large. Plus que les médecins, il s’agit de cibler les familles qui « elles seules, in fine, sont responsables de la décision de faire ou ne pas faire exciser leurs filles ».

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