Revue de presse Birmanie - 14 juin 2016

Birmanie : "Pourquoi Aung San Suu Kyi ignore-t-elle les Rohingya ?"

Pourtant considéré comme l'espoir du pays, le Ligue nationale du développement semble décevoir le Myanmar Timessur sa politique envers les Rohingya. Copie d'écran du Myanmar Times, le 14 juin 2016.
Pourtant considéré comme l'espoir du pays, le Ligue nationale du développement semble décevoir le Myanmar Timessur sa politique envers les Rohingya. Copie d'écran du Myanmar Times, le 14 juin 2016.
Myanmar Times – L’état de grâce pour le gouvernement d’Aung San Suu Kyi a fait long feu, selon le Myanmar Times. « L’Occident avait accueilli avec joie la victoire de la Ligue nationale du développement (LND) lors des dernières législatives. Mais pour les musulmans de l’Etat du Rakhine, la nouvelle ère s’annonce déjà comme une déception, et ce n’est que le début », croit savoir quotidien birman.

« Les Rohingya ont enduré des décennies de harcèlement, de marginalisation, de purification ethnique et même de génocide d’après certains », rappelle le journal. Même Aung San Suu Kyi a une position « ambivalente » sur cette population apatride, refusant de les appeler par leur propre nom par peur « d’offenser un pays à majorité bouddhiste ». Le journal se pose même la question : « Est-ce que le premier gouvernement civil depuis les années 1960 sera meilleur que la junte ? »

Et le quotidien birman n’est pas des plus optimistes. Le ministère des Affaires étrangères dirigé par Aung San Suu Kyi a demandé à l’Ambassade américaine de ne plus employer le terme « Rohingya » indiquant que c’était « inutile pour résoudre le problème dans l’Etat du Rakhine ». Les Rohingyas sont plus souvent appelés « Bengalis », ce qui sous-entend qu’ils sont « vraiment des immigrés venus du Bangladesh ».

Les Rohingyas, ajoute l’éditorialiste du Myanmar Times, seront aussi « déçus d’apprendre que Barack Obama a récemment allégé les sanctions envers Naypidaw pour récompenser le pays pour ses efforts vers la démocratie », sans mentionner que rien n’avait changé dans le traitement de cette ethnie musulmane.

Les Rohingya devraient être exclus du processus de paix que le gouvernement veut sceller avec les autres minorités, avance le quotidien. Aung San Suu Kyi a prévu la tenue d’une deuxième conférence de Panglong, en hommage à son père, le Général Aung San qui avait négocié avec les groupes ethniques en 1947 avant d’être assassiné. Mais les Rohingyas ne sont pas considérés comme des citoyens, précise le journal birman.

Depuis l’élection de novembre 2015, il n’y a aucun législateur musulman, alors que cette ethnie représente 3 millions de personnes en Birmanie. Un environnement néfaste qui pourrait donner envie aux Rohingya de quitter le pays au péril de leur vie dans des boat-people, comme ils ont pu le faire par le passé, essayant de trouver refuge dans d’autres pays musulmans d’Asie du Sud-Est.

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