Revue de presse Asie - 16 mars 2016

Premier ministre chinois confiant, bus piégé au Pakistan et "combattants" singapouriens

Le Premier ministre chinois Li Keqiang
Le Premier ministre chinois Li Keqiang lors de son discours de clôture de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire à Pékin le 16 mars 2016. Copie d’écran du South China Morning Post, le 16 mars 2016.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – A la fin de la session de l’Assemblée Nationale populaire, le Premier ministre chinois a accepté de répondre aux questions des journalistes pendant plus de deux heures. Et le quotidien hongkongais de nous résumer son propos en autant de points-clés. Concernant Hong Kong, Li Keqiang a tenu à affirmer que « le gouvernement central apportera tout son soutien à toutes les mesures initiées par le gouvernement hongkongais visant à maintenir la stabilité et la prospérité » de l’ancienne colonie britannique ; ajoutant qu’il était personnellement confiant dans « le brillant avenir » de la région administrative spéciale.

Questionné autour des difficultés économiques que connaît la deuxième puissance mondiale, il a martelé que le pays était sur les rails pour respecter les objectifs de croissance de l’année à venir, et que « tant que nous continuons la politique d’ouverture et de réformes, l’économie chinoise ne connaîtra pas d’atterrissage forcé ».
Enfin, l’ancien gouverneur de la province du Henan a souhaité faire un point Relations internationales. Malgré l’élection de Tsai Ing-wen à la présidence taïwanaise, Li Keqiang se dit « optimiste » pour tout ce qui concerne la relation entre les deux rives du détroit de Formose soulignant que « les liens du sang sont difficiles à trancher ». Et d’ajouter : « tant que les termes du consensus de 1992 sont respectés, tous les sujets sont ouverts à discussion ». Cette stabilité dans les relations est également de mise en ce qui concerne le prochain locataire de la Maison Blanche aux Etats-Unis. En effet, quel que soit le candidat qui sortira vainqueur, les « tendances de fond [ayant cours dans les relations entre les deux pays, NDLR] ne changeront pas » et « resterons sur une base « gagnante-gagnante » pour les deux parties ».

Bien entendu, le South China Morning Post ne se contente pas de citer les réponses de Li Keqiang. Il met aussi l’accent sur ce que le Premier ministre chinois n’a pas dit. Les questions environnementales, celles concernant la réforme nécessaires des entreprises publiques, les relations entre la Chine et la Corée du Nord ou avec ses voisins en Mer de Chine du Sud n’ont ainsi pas du tout été abordées.

Reuters – Pourquoi ne pas faire comme les Philippines ? Le Liberal Democrat Party (LDP) au pouvoir appelle le Premier ministre nippon Shinzo Abe à s’adresser à la Cour de La Haye pour régler le différend avec Pékin en mer de Chine orientale. Le Japon et la Chine se disputent un groupe d’îlots inhabités, les Diaoyu/Senkaku. Tokyo demande depuis l’année dernière à Pékin d’arrêter de forer dans la zone pour construire des plates-formes pétrolières et gazières. Ce qui représente pour les Japonais une action unilatérale malgré l’accord de 2008 entre les deux puissances pour coopérer dans l’exploitation des ressources de cette zone maritime. Le LDP appelle une nouvelle fois le gouvernement japonais à reprendre le dialogue bilatéral au sujet des exercices de la flotte chinoise dans ces eaux. Dans le même temps, le Japon se prépare à envoyer dans un itinéraire inédit un sous-marin accompagné de deux navires d’escorte vers les Philippines et le Vietnam (lire notre article sur le sujet).
Sydney Morning Herald – Otto Warmbier a été condamné à 15 ans de travaux forcés pour crimes contre le pays, rapporte l’agence de presse chinoise Xinhua citée par le Sydney Morning Herald. L’étudiant de l’université de Viriginie était entré sur le territoire nord-coréen en décembre dernier en tant que touriste. Il aurait alors arraché une bannière du Parti Communiste à l’hôtel international de Yanggakdo dans le but de la revendre une fois reparti. Difficile de vérifier ce chef d’accusation dans un pays où l’indépendance de la justice n’existe pas. Pyongyang a détenu à plusieurs reprises des ressortissants américains afin d’attirer l’attention des Etats-Unis et les « forcer » à engager une négociation bilatérale, ce que Washington refuse toujours. La verdict du tribunal nord-coréen intervient quelques jours après les nouvelles sanctions internationales contre le régime de Pyongyang votées au Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Asie du Sud-Est

Myanmar Times – Aung San Suu Kyi l’a répété maintes fois : le président qu’elle a choisi sera son « mandataire » et elle occupera une position « au dessus de lui ». L’élection du civil Htin Kyaw à la tête de l’Etat par les parlementaires birmans reste en tout cas une victoire dans un pays longtemps dirigé par des militaires. Mais la Dame de Rangoun a encore des fidèles déterminés à amender la constitution qui l’empêche de devenir présidente sur le motif que ses enfants sont de nationalité étrangère. L’influence d’Aung San Suu Kyi pourrait raviver les tensions alors que les militaires ont déclaré que « personne ne peut gouverner au-dessus du président ».
Asian Correspondent – Mauvaise ambiance entre la junte au pouvoir et les correspondants étrangers basés dans le pays. Non seulement, le gouvernement de Prayuth Chan-ocha vient de durcir les critères pour accorder des visas aux correspondants étrangers, mais, rapporte le site Asian Correspondent, il semble aussi vouloir les intimider par des méthodes quasi-orwelliennes. Lors de la projection lundi soir au Foreign Correspondents’ Club de Bangkok d’un film sur l’apartheid en Afrique du Sud devant une assistance composée de membres du Club et de diplomates, des militaires se sont mis à filmer sans vergogne le public, forçant un vice-président du club à chasser les intrus en uniforme.
The Straits Times – Les quatre individus avaient « enfreint la Loi sur la Sécurité Intérieure », pour avoir préparés ou menés des « actions violentes à l’étranger ». Parmi eux et à la surprise générale, un Chinois du nom de Wang Yuandongyi avait quitté Singapour et était sur le chemin de la Turquie pour rejoindre une milice kurde en Syrie. Les trois autres suspects sont des étudiants ayant séjournés au Yémen pour des études religieuses, et qui auraient suivi un entraînement pour combattre contre les rebelles houthis.

Indonésie : 2 Ouïghours chinois tués par la police dans une fusillade en Sulawesi

Channel News Asia – Deux militants ouïghours ont été tués dans la confrontation. D’après la police, ceux-ci appartiennent à un réseau dirigé par Santoso, l’homme le plus recherché en Indonésie. Jakarta est en campagne dans les jungles de Sulawesi alors qu’elle tente de contrer le soutien à l’Etat Islamique qu’apportent ses ressortissants. De nombreux Ouïghours fuient la Chine et la répression contre leur religion et leur culture – que Pékin dément officiellement -, et certains se retrouvent dans les rangs de l’Etat islamique au Moyen-Orient.
The Jakarta Post – Joko Widodo ne veut plus de ces démarches « redondantes » pour les entreprises. Le président indonésien a imposé aux gouvernements locaux cette mesure d’harmonisation des procédures, afin de « gagner en efficacité », sans toutefois réduire la protection de l’environnement. L’Indonésie est classée 109ème sur 189 dans le classement des pays favorables aux affaires, bien en dessous de ses voisins membres de l’ASEAN. Jokowi avait déclaré : « Nous devons refondre tout notre système d’octroi de permis. »

Asie du Sud

Dawn – La bombe avait été déclenchée à distance par un détonateur. L’explosion a fait 15 morts et 25 blessés, selon le bilan officiel. Le bus transportait des employés du gouvernement depuis la ville de Mardan vers Peshawar. Un porte-parole du gouvernement local explique que les employés voyageaient dans un bus conduit par une société privée et que le gouvernement ne pouvait pas assurer leur sécurité dans de telles circonstances. Peshawar est la cible d’attaques similaires depuis plusieurs années, car la ville héberge le XIème corps d’armée pakistanais qui mène des opérations anti-terroristes au Nord-Waziristan.
Times of India – Umar Khalid et Anirban Battacharya avaient été arrêtés pour sédition à la Jawaharlal Nerhu University. Leur demande de libération sous caution à l’instar du leader étudiant de JNU, Kanhaiya Kumar, a donc été rejetée. Selon les deux étudiants, la police n’a plus besoin de les interroger. Mais la police, justement, affirme que les chefs d’accusations sont plus graves : ils auraient organisé les rassemblements pendant lesquels des slogans « anti-indiens » auraient été prononcés, alors que le médiatique Kanhaiya Kumar n’en était qu’un participant. Par ailleurs, il leur est reproché d’avoir pris la fuite, alors que les deux étudiants affirment de leur côté avoir pris peur après l’arrestation de Kanhaiya Kumar.
Kathmandu Post« L’Inde est prête à augmenter les aides nécessaires pendant la durée de votre mandat. » Le Secrétaire d’Etat indien aux Affaires étrangères Jaishankar a ainsi exprimé son soutien au Premier ministre népalais Sharma Oli. Les dirigeants des pays voisins se retrouvent à Pokhara au Népal à l’occasion de la réunion de l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (la SAARC, selon l’acronyme anglais). New Delhi et Katmandou connaissent des relations tendues depuis la rédaction de la nouvelle constitution népalaise, qui selon l’Inde discrimine les minorités comme les Madheshis. Le gouvernement indien avait alors imposé un blocus « officieux ». A deux jours de l’adoption de la constitution, Sharma Oli, le Premier ministre népalais, a déclaré que le « Népal fait attention et s’engage pour éviter toute activité anti-indienne sur son territoire ».
Par Joris Zylberman, Ryôma Takeuchi et Antoine Richard, avec Arnaud Dubus à Bangkok, Sylvie Lasserre Yousafzai à Islamabad et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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