Revue de presse Asie - 3 février 2016

Tensions entre les Corées, rap chinois et minorités birmanes au parlement

Nouvelle crise entre les deux Corées alors que Séoul craint le lancement d'un missile balistique intercontinental par Pyongyang.
Nouvelle crise entre les deux Corées alors que Séoul craint le lancement d'un missile balistique intercontinental par Pyongyang. Copie d'écran de Korea Times, le 3 février 2016

Asie du Nord Est

Tensions entre les deux Corées

Korea Times – Le gouvernement sud-coréen a prévenu son homologue qu’il paierait un “terrible prix” s’il procédait comme annoncé à son tir d’essai de missiles longue portée. Cette mise en garde est parvenue à Pyongyang peu après que la Corée du Nord a confirmé devant l’Organisation Maritime Internationale (OMI) son intention de lancer un satellite d’observation appelé “Kwangmyongsong” entre le 8 et le 25 février. Or, pour la communauté du renseignement, ce lancement programmé est en réalité destiné à cacher l’essai d’un missile balistique intercontinental (ICBM) d’une portée de 13 000 km. Si l’essai était concluant, la Corée du Nord disposerait alors d’un arsenal pouvant atteindre les Etats-Unis. Cette annonce officielle a provoqué un tollé international, de Washington à Pékin. Et le Korea Times de noter que la Chine, « alliée traditionnelle de la Corée du Nord », a appelé celle-ci à « agir avec prudence ».

Au Japon, Shinzo Abe appelle à un amendement de la Constitution

Japan Times – Le Premier ministre nippon a appelé une nouvelle fois à la suppression de l’article 9 de la constitution japonaise. Selon cet article, « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation » et à ce titre, « il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre ». Or, pour Abe, cet article va à l’encontre de l’existence même des forces d’auto-défense de l’archipel et doit donc être rectifié. L’amendement de la constitution sera d’ailleurs l’un des principaux sujets de la campagne pour les élections sénatoriales de l’été prochain, a prévenu Shinzo Abe lors du même discours.

Chine : la pensée politique du président en rap

South China Morning Post – Du New York Times
à Xinhua, tous les médias présentent la vidéo de rap résumant la pensée politique de Xi Jinping. La propagande chinoise n’arrête pas de se « moderniser ». Cette vidéo de trois minutes s’inscrit dans un large plan destiné à sensibiliser la jeunesse chinoise aux messages du Parti Communiste Chinois (PCC), note le quotidien hongkongais South China Morning Post. On aperçoit donc un joyeux grand-père expliquant à sa petite fille les subtilités de la pensée des “quatre intégralités” (四个全面战略布局) – en vogue depuis février 2015 – et destinées à préparer le futur de l’Empire du Milieu. Soit : l’édification intégrale de la société de moyenne aisance, l’approfondissement intégral de la réforme, la promotion à tous les niveaux d’un Etat de droit et l’application intégrale d’une discipline rigoureuse dans les rangs du Parti.

La Chine salue la nouvelle politique des visas de la Malaisie

Xinhua News – Le gouvernement chinois par la voix de son conseiller d’Etat Guo Shengkun salue la nouvelle politique de visas mise en place par le gouvernement malaisien. En effet, ce dernier a indiqué qu’à compter du 1er mars 2016, tous les voyageurs chinois seront exemptés de visa dans le cadre d’un séjour inférieur à 15 jours, et cela afin de stimuler le tourisme et les relations bilatérales.

Asie du Sud-Est

Birmanie : les minorités ethniques aux commandes du Parlement

The Irrawaddy – Un signe fort en faveur de l’unité nationale. Sur les 4 postes clés du Parlement birman, 3 sont désormais occupés par des députés issus de minorités ethniques : un Karen président (LND, Ligue nationale pour la démocratie) et un Arakanais vice-président (ANP, Arakan National Party) élus aujourd’hui à la chambre haute; Tandis qu’à la chambre basse, un Bamar (ethnie majoritaire, également appellée Birmans ethniques) président (LND) et un Kachin vice-président (USDP, Union Solidarity and Development Party) avaient été plébiscités avant-hier. Un changement introduit grâce aux votes des députés de la LND, le parti d’Aung San Suu Kyi, qui dominent les deux chambres. The Irrawaddy rappelle que sous l’ancienne législature, ces 4 postes étaient tous occupés par des Bamars. Les minorités ethniques attendent maintenant d’être représentées au sein du gouvernement. Depuis son indépendance en 1947, la Birmanie est soumise à des conflits ethniques armés qui la menacent d’éclatement.

L’armée indonésienne rend public son processus d’approvisionnement

The Jakarta Post – Le récent rapport de Transparency sur la corruption des gouvernements et des milieux de la défense y est-il pour quelque chose ? Pour la première fois, l’armée indonésienne a rendu publics ses contrats d’approvisionnement prévus pour 2016. Ce mouvement d’ouverture a été unanimement salué dans le pays. « Les contribuables savent désormais où passent leur argent », a déclaré Wawan Purwanto, spécialiste des renseignements et de la sécurité rattaché à l’Université d’Indonésie à Jakarta. Néanmoins, certaines voix s’élèvent pour que les contrats des années passées soient également publiés.

Malaisie : la purge de Najib Razak touche le fils de l’ancien Premier ministre

The Bangkok Post – Empêtré dans un scandale de corruption depuis plusieurs mois, le Premier ministre malaisien Najib Razak évincerait un à un ses principaux rivaux, d’après la presse malaisienne reprise par le Bangkok Post. Dernière victime en date de cette « purge », le chief minister de l’Etat de Kedah, frontalier avec la Thaïlande : Mukhriz Mahathir, accessoirement fils de l’ancien Premier ministre Mahathir Mohamad (1981-2003). Considéré comme l’un des futurs candidats au poste de Premier ministre, Mukhriz Mahatir aurait été poussé à la démission par son parti, qui est également celui de Najib Razak (UMNO). Mais il paye surtout le prix des appels répétés de son père à la démission du Premier ministre actuel, note le quotidien thaïlandais.

Thaïlande : Google convoqué par la junte

The Bangkok Post – La junte militaire thaïlandaise, qui resserre sans cesse son étreinte sur la liberté d’expression en ligne, a demandé à Google de retirer tous les contenus affectant la sécurité nationale ou la monarchie, s’inquiète le Bangkok Post dans son éditorial. Les autorités thaïlandaises ont même proposé des conditions d’investissement favorables si Google obtempérait. Mais la firme, fidèle à sa conduite dans des cas similaires en Chine, a refusé. Le régime militaire ne s’avoue toutefois pas vaincu. C’est maintenant au tour des représentants de Facebook et de l’application de messagerie instantanée Line d’être convoqués.

Philippines : des patrouilles avec les Etats-Unis en mer de Chine du Sud ?

The Straits Times – Washington ne s’effacera pas face à Pékin en mer de Chine du Sud. Après que deux de ses navires militaires ont patrouillé au large de récifs remblayés par la Chine, dans les Spratleys puis dans les Paracels, les Etats-Unis ont annoncé par la voix d’un de leurs diplomates qu’ils envisageaient d’organiser des patrouilles conjointes avec les Philippines dans la zone. Objectif : assurer la liberté de navigation face aux revendications de souveraineté de plus en plus affirmées voire belliqueuses du gouvernement chinois. Le choix de Manille n’est pas anodin : les Philippines figurent parmi les Etats les plus farouchement opposés aux manoeuvres chinoises dans la région. Le gouvernement philippin a notamment porté les conflits de souveraineté qui l’opposent à la Chine devant la Cour d’arbitrage de la Haye, qui s’est déclarée compétente l’année dernière.

Indonésie : de l’eau potable dans les bidonvilles de Jakarta

The Jakarta Post – Parce que leurs habitations étaient illégales, les familles des bidonvilles de Jakarta ne pouvaient avoir accès au réseau d’eau potable de la ville. Mais grâce au prêt d’USAID et au soutien technique d’IUWASH (Indonesia Urban Water, Sanitation and Hygiene), de nouvelles canalisations ont été construites pour approvisionner les quartiers défavorisés, explique le Jakarta Post. Le but : améliorer leurs conditions de vie et leur accès à l’hygiène. Cette opération d’USAID Indonesia doit appuyer le programme 100-0-100 du gouvernement de Jakarta : d’ici 2019, les autorités indonésiennes souhaitent que 100% des citoyens de l’archipel aient accès à l’eau potable, que 0% vivent dans des bidonvilles et que 100% aient un accès « convenable » à l’hygiène.

Asie du Sud

Inde-Pakistan : l’affaire Anupam Kher met en lumière la guerre des visas

Firstpost – C’est la Une des quotidiens indiens et pakistanais : l’acteur, réalisateur et producteur indien Anupam Kher se serait vu refuser un visa par le haut-commissariat du Pakistan alors qu’il souhaitait assister au festival de littérature de Karachi. Il l’explique par son statut de « pandit cachemiri » et ses positions pro-BJP (parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde). Le quotidien Firstpost prend du recul sur l’affaire et titre « Anupam Kher, pourquoi te plains-tu ? Nous aussi, nous refusons des visas aux Pakistanais ». L’auteur explique que le visa est employé comme une arme politique entre New Delhi et Islamabad depuis plusieurs années déjà, pour des raisons de sécurité nationale ou de respect de procédure. Il s’agit d’une « routine » qui fait les gros titres aujourd’hui en raison du statut et de la « réaction excessive » d’Anupam Kher.

Inde : la Cour suprême accepte de réétudier la loi criminalisant l’homosexualité

The Indian Express – Petite victoire pour les associations de lutte contre les discriminations faites aux homosexuels. Face à un afflux de pétitions, la Cour suprême indienne a accepté de réétudier sa décision de 2013 maintenant la loi pénalisant les relations homosexuelles de 10 ans d’emprisonnement. L’avocat chevronné Kapil Sibal a exprimé l’importance de cette révision : « Si le verdict n’est pas revu, cela créera de lourds préjudices et privera certains individus de leurs droits les plus intimes. Ce qui implique de lourds enjeux constitutionnels. » De leur côté, les associations religieuses se sont offusquées et regrettent que la Cour constitutionnelle se saisisse à nouveau du dossier.

Bangladesh : le ministre des Affaires étrangères n’envisage « pas encore » de rompre les relations diplomatiques avec le Pakistan

Dhaka Tribune – Tensions diplomatiques au plus haut entre le Pakistan et le Bangladesh. Lundi, alors qu’un diplomate pakistanais était retenu à Dacca pour suspicion de possession illégale de devises étrangères, un employé du Haut-commissariat bangladais à Islamabad a « disparu ». Tous deux ont été libérés après quelques heures, mais ces soubresauts diplomatiques sont révélateurs d’une crise profonde entre les deux pays. Leurs relations sont particulièrement tendues depuis novembre 2015, lorsque Dacca a exécuté deux individus accusés de génocide et de viol durant la guerre d’indépendance du Bangladesh, qui a fait sécession avec le Pakistan en 1971. La montée des tensions a poussé le ministre bangladais des Affaires étrangères à s’exprimer publiquement aujourd’hui. Il a indiqué, au nom de son administration, qu’il « n’envisageait pas encore de rompre les relations diplomatiques » avec Islamabad.
Par Antoine Richard et Alexandre Gandil, avec Arnaud Dubus à Bangkok, Sylvie Lasserre Yousafzai à Islamabad et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
[asl-front-abonnez-vous]
[asl-front-abonnez-vous]