Revue de presse Asie - 29 janvier 2016

Abenomics en danger, déchéance de nationalité en Indonésie et escoquerie en Inde

Akira Amari était un pilier du gouvernement de Shinzo Abe.
Akira Amari était un pilier du gouvernement de Shinzo Abe. Copie d'écran de Nikkei Asian Review, le 29 janvier 2016

Asie du Nord-Est

Japon : le gouvernement fragilisé par la démission du ministre de l’Economie

Nikkei Asian Review – La démission soudaine du ministre nippon de l’Economie et des Finances Akira Amari est un coup dur pour le gouvernement de Shinzo Abe. L’homme-clé des négociations pour le Partenariat trans-pacifique (TPP), était un pilier des « Abenomics ». Amari a démissionné hier jeudi 28 janvier, une semaine après avoir été accusé d’avoir reçu de grosses sommes d’argent non déclarées. Mais c’était lui, explique la Nikkei Asian Review qui avait posé les bases du plan d’Abe pour mettre fin à la déflation, quand ce dernier était encore dans l’opposition. Il démissionne alors que le Japon fait face à une conjoncture économique incertaine et au défi d’une croissance à relancer. Si le gouvernement ne peut pas surmonter la perte d’Amari, affirme le journal, les Abenomics pourraient simplement partir à la dérive.

Yuan : la Chine joue l’apaisement

People’s Daily – Accusés de mal communiquer, les dirigeants chinois décrochent le combiné. La presse de Pékin relaie ce vendredi les propos rassurants de Li Keqiang lors d’un entretien téléphonique avec Christine Lagarde. La Chine n’ a « pas l’intention de dévaluer le yuan, ni de se lancer dans une guerre commerciale [avec les pays étrangers], » a expliqué le Premier ministre chinois à la directrice du FMI. La semaine dernière, Christine Lagarde avait déclaré lors du forum économique de Davos que « la Chine avait un problème de communication en matière de politique économique ». Elle faisait notamment allusion aux récentes dévaluations de la monnaie chinoise (-1,5% face au dollar depuis le début de l’année).

Une dépréciation continue de la monnaie chinoise aurait pour conséquence de renchérir le prix des produits fabriqués en zone euro et dollar. Elle pourrait aussi entraîner un effet boule de neige chez les voisins asiatiques, tentés de dévaluer à leur tour leurs monnaies. Pékin semble allier le geste à la parole ce vendredi, en fixant le cours pivot de sa monnaie à la hausse (6,5516 yuans pour 1 dollar). Dans le même temps les médias chinois se sont trouvés un nouveau bouc émissaire en la personne de George Soros. Le milliardaire américain a annoncé récemment « un atterrissage brutal inévitable » pour l’économie chinoise. Depuis plusieurs jours, la presse officielle l’accuse de déclarer la guerre aux monnaies asiatiques, en pariant notamment à la baisse sur le yuan. Le journal en ligne Haiwainet, appartenant au quotidien du peuple l’ai ainsi traité de « crocodile financier ».

Corée du Sud : suicide et stigmatisation sociale

Korea Herald – Un rapport sur les cas de suicide en Corée du Sud pointe du doigt les failles dans la détection de la dépression ou de l’alcoolisme. Cette recherche, commandée par le gouvernement, a sondé 151 membres des familles de 121 victimes de suicide en 2015. Elle a mis en évidence la stigmatisation sociale des personnes souffrant de troubles mentaux ou de problèmes d’addiction, qui les décourage souvent de chercher une aide professionnelle.

La Corée du Sud est l’un des pays de l’OCDE avec le plus fort taux de suicide : 40 Coréens mettent fin à leur vie chaque jour, ce qui en fait la 4e cause de décès dans le pays. D’après ce rapport du ministère de la Santé, 90% des victimes de suicide avaient une maladie psychiatrique, mais seules 15% d’entre elles ont reçu un traitement médical. Par ailleurs, un grand nombre de victimes subissait des problèmes d’alcoolisme personnel ou dans leur entourage, mais n’étaient pas pris en charge. Les études montrent qu’encore trop de Sud-Coréens préfèrent éviter un traitement, et se sentent isolés socialement, facteur crucial dans ces cas de suicide.

Asie du Sud-Est

L’Indonésie divisée sur la déchéance de nationalité des terroristes

The Jakarta Post – La question des passeports des Indonésiens suspectés d’être membres de Daech est de plus en plus brûlante. Dans le cadre de la loi anti-terrorisme, les législateurs débattent de la possibilité de retirer leur passeport aux Indonésiens expatriés qui seraient membre de l’organisation terroriste. Un des principaux points du débat : les passeports seront-ils retirés seulement à ceux qui ont commis des attaques terroristes, ou bien aussi à ceux qui ont rejoint Daech sans être coupables d’attentat ? Les rédacteurs de la loi ne sont pas non plus d’accord sur la déchéance de nationalité automatique des ressortissants indonésiens partis rejoindre un groupe armé illégal. La loi sur le terrorisme sera votée cette année au Parlement indonésien.

Thaïlande : un homme arrêté après avoir partagé une chanson

Malaysian Insider – Le controversé Computer Crimes Act thaïlandais sévit déjà. Narong Roothanawong a été arrêté hier sur une plainte de la junte au pouvoir, pour avoir partagé une chanson « qui diffame le premier ministre ». Le contenu exact de « Pour notre oncle adoré » n’est pas clair, mais elle peut valoir 5 ans de prison à celui qui l’a partagé. Le Premier ministre Prayut Chang-oCha écrit lui-même des chansons, diffusées à la radio et à la télévision depuis qu’il a pris le pouvoir. Il supporte toutefois mal les critiques personnelles, et toute attaque contre la junte est punie par la loi. Le nombre d’accusation pour cyber-crimes, sédition ou lèse-majesté a bondi depuis le coup d’Etat de mai 2014.

Birmanie : le président Thein Sein prêt à aider Aung San Suu Kyi

The Straits Times – Il s’est déclaré prêt à aider le nouveau gouvernement de la championne de la démocratie. Le président birman Thein Sein s’est exprimé hier devant les parlementaires sortant et nouvellement élus, appelant les partis politiques à travailler ensemble pour l’intérêt national. Arrivé au pouvoir en 2011, Thein Sein a, raconte The Straits Times, mis en place des réformes politiques et économiques qui « ont transformé la nation appauvrie de 51,5 millions d’habitants, d’un Etat paria à une des économies à la croissance la plus rapide au monde ».

Mais même si ses mesures d’ouverture et ses efforts pour organiser des élections régulières ont été salués par les observateurs internationaux, sa réputation souffre aussi de son passé. Le président a d’abord été un proche de l’ancien dictateur Than Shwe, qui a mené le pays d’une main de fer pendant dix-neuf ans. Le Parlement a voté hier une loi controversée qui protège les anciens présidents de toute poursuite judiciaire pour des actes commis pendant leur mandat, et leur garantit une protection.

Asie du Sud

Inde : le BJP demande la démission du ministre du Kerala impliqué dans une affaire d’escroquerie

Titre – Le BJP, le parti nationaliste hindou au pouvoir, a demandé la démission immédiate d’Oomen Chandy, le ministre du Kerala. Ce membre du Parti du Congrès est impliqué dans une vaste affaire d’arnaque qui secoue l’Etat du sud de l’Inde. En 2013, une compagnie d’énergie solaire frauduleuse, Team Solar, a utilisé deux femmes pour escroquer plusieurs personnalité influentes du Kerala.

Une enquête a été ouverte sur le rôle du ministre dans cette affaire après que Saritha Nair, l’accusée principale du procès, a dit qu’elle avait payé des pots-de-vin à un proche du ministre, avec qui elle aurait par ailleurs été en contact. Une démission d’Oomen Chandy tomberait à pic pour le BJP. Des élections locales auront bientôt lieu au Kerala, un Etat que le parti aimerait récupérer en utilisant les accusations de corruption contre le Congrès.

Le Pakistan renforce ses liens avec les Maldives

The Express Tribune – Le Premier ministre Nawaz Sharif a annoncé hier qu’Islamabad est prêt à développer toutes les coopérations possibles avec ses voisins dans la lutte contre le terrorisme. Ses mots étaient particulièrement destinés à la ministre des Affaires étrangères des Maldives, Dunya Maumoon, en visite de trois jours au Pakistan. Les deux responsables politiques ont vanté leurs relations bilatérales « basées sur la cordialité et des intérêts communs ». Des coopérations pourraient être prochainement lancées dans le secteur touristique, notamment en développant les lignes maritimes entre le Pakistan et l’archipel des Maldives.

Inde : les Musulmanes protestent aussi contre l’interdiction des sanctuaires aux femmes

Scroll – Après les protestations des femmes hindoues exclues de l’intérieur des temples, c’est au tour des musulmanes de protester en Inde. Un jour après que la police a empêché des activistes indiennes d’entrer dans le sanctuaire de Shani Shingnapur, des féministes musulmanes ont manifesté à Mumbai pour être autorisées à prier dans le Haji Ali Dargah. Une plainte a été déposée auprès de la Haute Cour de Mumbai pour contester la décision de la Fondation du Haji Ali d’interdire l’entrée au sanctuaire intérieur aux femmes. Cette manifestation faisait suite à celle des 350 femmes de la Bhumata Ranragini Brigade, qui demandent l’entrée dans le temple hindou de Shani Shingnapur.
Par Joris Zylberman et Mathilde Loire, avec Baptiste Fallevoz à Shanghaï et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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