Revue de presse Asie - 20 janvier 2016

Université attaquée au Pakistan, confession télévisée en Chine et Bangladais radicalisés à Singapour

Une attaque terroriste contre l'université pakistanaise de Bacha Khan a fait au moins 21 morts et des dizaines de blessés ce matin
Une attaque terroriste contre l'université pakistanaise de Bacha Khan a fait au moins 21 morts et des dizaines de blessés ce matin. Copie d'écran de Dawn, le 20 janvier 2016.

Asie du Sud

Pakistan : attentat meurtrier contre une université

Dawn – C’est à peine plus d’un an après le massacre de 144 personnes dans une école de Peshawar. Ce mercredi 20 janvier au matin, la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkha, au Nord-Ouest, à la frontière afghane, a connu une nouvelle attaque terroriste contre son système éducatif du pays. L’université de Bacha Khan a été frappée par un assaut qui a fait au moins 21 morts et entre 60 et 70 blessés, selon le quotidien Dawn. Le nombre de victimes pourrait monter jusqu’à 40, d’après Reuters cité par Scroll.in.

L’armée a neutralisé les 4 assaillants lourdement armés. Equipés de gilets explosifs qu’ils n’ont pas eu le temps d’activer, ils s’étaient infiltrés dans les locaux en plein récital de poésie. Pour le New York Times, c’est la question de la sécurité aux abords des universités qui se pose. L’un des témoins de l’attaque affirme ainsi que « l’université a son propre service de sécurité, mais ce n’est pas suffisant face à des Taliban lourdement armés et bien entraînés ».

Car si les Taliban pakistanais du TTP (Tehrik-e-Taliban Pakistan) avaient revendiqué l’attentat plus tôt dans la journée sur Facebook, Scroll.in et la BBC rapportent qu’ils font désormais machine arrière. Leur porte-parole Mohammad Khurasani a décrit l’attaque comme « non islamique » et a indiqué que le groupe se vengerait des personnes qui ont utilisé leur nom pour perpétrer l’attaque.

Inde : nouvelles révélations après le suicide d’un étudiant intouchable

Scroll – Des nouveaux éléments viennent éclairer les évènements qui ont conduit au suicide de l’étudiant intouchable Rohith Vemula. Ces derniers jours, les réactions à sa mort se sont multipliées : les étudiants manifestent dans les grandes villes indiennes, et 131 professeurs du monde entier s’inquiètent de la situation des universités indiennes dans une tribune.

La révélation du rôle joué par le ministre des Ressources humaines dans l’expulsion de Vemula met le BJP, le parti nationaliste hindou au pouvoir, dans l’embarras. Smirit Irani a envoyé au moins quatre lettres à l’Université d’Hyderabad pour demander à l’administration de prendre des mesures contre l’ASA, le syndicat étudiant dont faisait partie Rohith Vemula. Ces courriers pourraient avoir joué un rôle dans la décision de l’université d’expulser Vemula et ses quatre camarades, alors que la commission d’enquête les avait jugé non coupables de l’altercation avec des jeunes du BJP.

Le BJP s’est pour l’instant contenté de dire que le suicide de l’étudiant n’avait « rien à voir avec les problèmes des Dalit », s’attirant les critiques de certains de ses membres eux-mêmes Dalit. Le parti du Congrès s’est aussi saisi de l’affaire : Rahul Gandhi s’est rendu lui-même à l’université d’Hyderabad.

Les femmes indiennes se marient de plus en plus tard

Livemint – En Inde, les femmes se marient plus tard, d’après les données des Statistiques nationales sur la famille et la santé (NFHS). Dans l’État du Bihar, par exemple, 40% de femmes sont mariées avant leurs 18 ans, contre 60% il y a dix ans ; dans l’Haryana, elles sont 19% au lieu de 40% à être mariée mineures. « Cela ne devrait pas être une grande surprise, étant donné que les femmes se concentrent plus sur l’éducation et la recherche d’un travail pour devenir financièrement indépendante que se marier tôt, » écrit Livemint. Plus inattendu, la tendance s’est inversée pour certains hommes, qui se marient plus tôt qu’avant. Ainsi dans l’Etat de Goa, le pourcentage d’hommes mariés avant leur 21 ans a augmenté de 7% en dix ans.

Pour la politologue Manisha Priyam, la baisse des mariages de filles de moins de 18 ans montre une prise de conscience chez les Indiennes, que la société a plus de mal à forcer à se marier tôt. Cela n’empêche pas, précise l’article, un taux de mariages d’enfants chez les femmes encore très important.

Asie du Nord-Est

En Chine, les « confessions » politiques télévisées battent leur plein

South China Morning Post – Au lendemain des étranges « aveux » du libraire hongkongais Gui Minghai, qui expliquait être rentré en Chine pour y assumer ses « responsabilités légales », un autre homme est paradé ce mercredi à la télévision d’État. « J’ai violé la loi chinoise (…), causé beaucoup de tort au gouvernement chinois et heurté la sensibilité du peuple chinois » a ainsi « confessé » Peter Dahlin sur CCTV. Ce Suédois de 35 ans et co-fondateur de l’ONG Chinese Urgent Action Working Group, a été arrêté le 4 janvier dernier à l’aéroport de Pékin. Il est depuis poursuivi pour « atteinte à la sécurité de l’État ». Son ONG, qui dénonce des « aveux forcés », jouait un rôle de conseil auprès des avocats des droits de l’homme et des victimes d’abus de pouvoir.

Cette arrestation intervient dans un contexte de resserrement de la loi chinoise contre les ONG étrangères, ou financées depuis l’étranger.
Début décembre, 7 défenseurs chinois des droits des travailleurs ont étés arrêtés, au motif qu’ils recevaient des fonds de l’étranger et « perturbaient sérieusement l’ordre social ».

Taïwan : perquisition au Parlement

Taipei Times – Des procureurs ont mené hier une perquisition dans les bureaux du Yuan législatif, le Parlement de Taïwan, et retenu son Secrétaire général Lin Hsi-shan pour un interrogatoire. La justice enquête sur des accusation de corruption au sein du Parlement. Ils ont saisi plusieurs documents, en lien avec des contrats signés avec Fat Net Technologies Co. L’entreprise de télécommunications a reçu 8,87 millions de dollars du Parlement pour l’installation de différents programmes. Des sources anonymes ont accusé Lin – dont le logement a aussi été fouillé – et des membres du Département des technologies de l’information d’avoir reçu de grosses sommes d’argent en échange de la part de Fat Net.

Lin Hsi-shan, membre du Kuomintang, le parti nationaliste qui vient de perdre crûment sa majorité parlementaire aux élections de samedi dernier, est un proche de Wang Jin-Pyng, président du Parlement taïwanais depuis 1999. Pour certains médias, cette enquête, opportunément lancée en pleine période électorale, est utilisée pour déstabiliser Wang, pris dans un conflit politique avec le président sortant Ma Ying-jeou.

Le Japon demande à des hackers de tester la cyber-sécurité des services publics

The Asashi Shimbun – Nouvelle stratégie du gouvernement japonais pour lutter contre les cyber-attaques. Le ministère de l’Industrie invite des hackers à infiltrer les réseaux de centrales électriques et d’hôpitaux. Le but : tester leur niveau de sécurité, découvrir d’éventuelles failles dans les systèmes des services publics les plus importants, et fixer des lignes directrices sur la cyber-sécurité. Les hackers participants pourront examiner la structure de ces réseaux, et utiliseront notamment des courriers électroniques de hameçonnage pour tenter de les infiltrer. S’ils y parviennent, ils pourront mener une cyber-attaque.

Ces dernière années, plusieurs services publics ont souffert de véritables attaques : le service des retraites a ainsi été visé l’an dernier, et plus d’un million de données personnelles ont fuité. Tokyo s’inquiète par ailleurs d’une cyber-attaque pendant les Jeux Olympiques de 2020, comme à Londres en 2012.

Asie du Sud-Est

Singapour : arrestation de 27 Bangladais radicalisés

The Straits Times – Le coup de filet vient d’être rendu public. 27 ressortissants bangladais « soutenant l’idéologie du jihad armé » et travaillant dans l’industrie du bâtiment ont été arrêtés par les autorités singapouriennes entre le 16 novembre et le 1er décembre de l’année dernière. Depuis, 26 d’entre eux ont été rapatriés et sont désormais détenus au Bangladesh. Certains prévoyaient de perpétrer des attaques terroristes en dehors de Singapour, a déclaré le ministre de l’Intérieur ce mercredi. Lors de leur arrestation, les policiers avaient retrouvé une « quantité non négligeable » de « matériel jihadiste », comme des vidéos d’entraînement militaire sur des enfants ou un manuel pour apprendre à commettre des « meurtres silencieux ».

Indonésie : à Bornéo, le village d’une « minorité religieuse » incendié

Jakarta Globe – Les tensions interreligieuses continuent de faire les gros titres en Indonésie. Aujourd’hui, c’est l’incendie criminel d’un village abritant 700 individus accusés d’être adeptes du Fajar Nusantara Movement (Gafatar), une « minorité religieuse » dénoncée comme « hérétique » par les organisations islamiques du pays, que relate le Jakarta Globe. L’acte a été perpétré à l’ouest de l’île de Bornéo par les habitants des alentours. Ils avaient demandé aux autorités locales de « déplacer » le village mais ont estimé que la démarche prenait trop de temps. Il faut dire que le Gafatar, soupçonné de « faire disparaître » ses adeptes, est considéré avec beaucoup de méfiance : mouvement plutôt secret, il serait issu de la transformation du groupe Al-Qiyadah al-Islamiyah, fondé par le prophète auto-proclamé Ahmad Moshaddeq – condamné en 2008 à 4 ans de prison pour blasphème…

Vietnam : symbole de la lutte pour l’indépendance, la tortue géante d’Hanoï s’est éteinte

The Straits Times – Sa mort a suscité un vif émoi sur les réseaux sociaux vietnamiens. La tortue géante à carapace molle du lac de Hoan Kiem (Hanoi) s’est éteinte ce mercredi 20 janvier, ont annoncé les médias étatiques. Elle était considérée comme la gardienne de l’épée magique de Le Loi, rebelle vietnamien du XVe siècle ayant résisté à l’invasion chinoise, rapporte le Straits Times. Alors que chacune de ses apparitions était considérée comme un signe favorable du destin, son décès sonne comme un avertissement. Surtout que doit s’ouvrir demain le congrès du PC vietnamien, dont l’objectif est de désigner la future équipe dirigeante du pays : chef du parti, président et Premier ministre.

Par Joris Zylberman, Alexandre Gandil et Mathilde Loire, avec Baptiste Fallevoz à Shanghai, Hubert Killian à Taipei, Sylvie Lasserre Yousafzai à Islamabad et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris.

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