Revue de presse économique - 21 décembre 2015

L'Eco de la presse asiatique

La Cour suprême indienne a pris des mesures drastiques pour réduire la pollution à New Delhi.
La Cour suprême indienne a pris des mesures drastiques pour réduire la pollution à New Delhi. Copie d’écran de The Indian Express, le 17 décembre 2015.
Elle est à la fois surprenante et salutaire cette décision de la Cour suprême indienne. La plus haute autorité judiciaire du pays a décidé mercredi d’interdire les immatriculations de 4×4 et de « véhicules de luxe » gourmands en diesel. Rouler avec un moteur à combustion lente dans une voiture de sport ou de prestige, c’est un peu vous me direz comme imaginer des vitres teintées sur un cabriolet. C’est aussi probablement s’attaquer à une infime minorité des pots d’échappement pollueurs en circulation. En même temps, New Delhi ne respire plus et tout en secouant le sommet de la pyramide, le gouvernement n’oublie pas la pollution par le bas. A partir du 1er janvier prochain, les camions vieux de plus de dix ans n’auront plus le droit d’entrer dans la capitale indienne. Est-ce ici un effet de la COP21 qui vient de se terminer à Paris ? Les autorités indiennes ont en tout cas bien noté la présence de la notion de « pertes et dommages » dans l’accord climat adopté en France. S’ils continuent de s’encrasser les bronches, les Indiens et toutes les victimes de la pollution pourront à terme se retourner contre les institutions et les constructeurs. C’est le cas déjà à Pékin où une ONG de défense de l’environnement vient de porter plainte contre Volkswagen. Le constructeur allemand est accusé d’avoir tenté de dissimuler une partie des émissions toxiques produites par ses véhicules.

Diesel interdit à New Delhi

La Justice indienne pousse New Delhi à agir contre la pollution

India Today (Inde)15.12.2015 – Impossible de se boucher le nez, impossible de faire semblant plus longtemps… New Delhi est aujourd’hui officiellement la capitale mondiale de la pollution. Cette triste première place a été décernée à l’Inde par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’an passé. L’OMS a mené son enquête auprès de 1600 mégapoles dans le monde. Parmi toutes ces villes, la capitale indienne et ses 17 millions d’habitants affichent la plus haute concentration de particules fines, les tristement célèbres PM 2,5 si nocives pour nos poumons. Longtemps accusées de laxisme, les autorités indiennes se retrouvent donc désormais sous la pression de la justice. La semaine dernière, le premier juge de la Cour suprême T.S. Thakur avait décrit la pollution de New Delhi comme « très embarrassante » rappelle le site d’India Today. « Il n’y a pas de droit plus fondamental que celui de respirer un air propre (…) affirme de son côté la militante écologiste Sunita Narain dans une dépêche de l’AFP reprise par The Express Tribune. Il s’agit d’une urgence de santé publique. » Environ 23 % des voitures en circulation dans la capitale indienne roulent au diesel, dont les gaz d’échappement sont jugés cancérogènes par l’OMS. Des données qui poussent la plus haute juridiction indienne à réagir. La Cour suprême a suspendu mercredi, pour trois mois, la vente de véhicule diesel de plus de 2000cc. Tous les taxis de Delhi ainsi que les plateformes VTC telles qu’Uber et Ola, ont également été invités à passer du diesel au gaz naturel d’ici au 1er mars prochain.

Les mesures anti-pollution de la Cour suprême indienne

The Times of India (Inde) 16.12.2015 – Parmi les illustrations et les encadrés résumant les mesures annoncées par la Cour suprême nous retiendrons cette voiture et ces quelques lignes sur fond vert sur le site du Times of India.
  • Pas de nouvelles immatriculations pour les véhicules haut de gamme et les SUV jusqu’au 31 mars 2016 à New Delhi.
  • Doublement de la taxe verte pour les véhicules commerciaux qui entrent dans la capitale.
  • Les poids lourds immatriculés avant 2006 ne peuvent plus entrer dans la capitale indienne.
  • Tous les taxis de la capitale sont invités à passer au gaz naturel d’ici au 1er mars 2016.
  • La municipalité de New Delhi devra dépoussiérer les routes et construire des trottoirs pour inciter les habitants à circuler à pied.
  • Interdiction de brûler les ordures ménagères.

Inde : les 4×4 et les voitures haut de gamme pointées du doigt

The Indian Express (Inde)17.12.2015 – Qu’est-ce qui va changer pour les automobilistes à New Delhi s’interroge The Indian Express ? Les mesures annoncées mercredi par la Cour suprême indienne ne concernent pas uniquement les véhicules en circulation souligne le quotidien anglophone. Les feux domestiques comme moyen de chauffage pour les millions d’habitants de la capitale vivant en-dessous du seuil de pauvreté comptent parmi les premiers responsables de l’épais brouillard qui asphyxie la capitale indienne. A partir du 1er janvier prochain et jusqu’au 31 mars 2016, l’incinération des ordures ménagères sera donc interdite. Les mesures qui font le plus réagir vos journaux sont toutefois adressés aux automobilistes. C’est peut-être là un moyen d’aider à faire passer la pilule – d’ailleurs, les propriétaires de 4×4 sont ici particulièrement pointés du doigt. « Les véhicules diesel de 2000 cc et plus, ainsi que les SUV appartiennent aux plus riches de notre société explique T.S. Thakur cité par The Indian Express. A cause de leurs moteurs plus puissants, ils créent d’avantage de pollution poursuit le premier juge de la Cour suprême. L’interdiction d’enregistrer ce type de véhicules n’a par conséquent qu’une incidence mineure sur la majorité de la population de Delhi. » De nombreuses ONG s’étaient prononcées pour une interdiction de circulation de tous les véhicules diesel. La Cour suprême a pour l’instant ordonné le doublement de la taxe environnementale imposée aux milliers de véhicules commerciaux et aux camions diesel qui traversent New Delhi toutes les nuits. Le ticket vert pour les véhicules pollueurs passe de 700 à 1400 roupies (10 à 20 euros). La Cour suprême a également interdit d’entrée dans la capitale des véhicules enregistrés avant 2005.

Inde : Les constructeurs automobiles dans le collimateur de la justice

The Hindu (Inde)15.12.2015 – Coup de bambou ou coup de cric, appelez-cela comme vous voulez ! Ce qui est sûr c’est que la décision de la Cour suprême indienne a été perçue comme une annonce pour le moins radicale par l’industrie. Les constructeurs automobiles affirment être les boucs émissaires d’un problème plus global note The Hindu dans son éditorial. Le secteur rappelle à cette occasion les contradictions des politiques publiques et les subventions qui ont encouragé la fabrication de véhicules diesel ces dernières années. Malgré la déréglementation des prix du diesel depuis 2013 qui a contribué à diminuer l’écart avec le prix de l’essence, 50 % des voitures particulières vendues en Inde aujourd’hui fonctionnent au diesel. The Hindu considère que prélever une taxe lourde sur les véhicules les plus pollueurs serait un « pas audacieux« . Mais il faut aussi « comme aux Etats-Unis » précise le quotidien anglophone, créer des normes d’efficacité énergétique plus élevées pour les voitures neuves. La plupart des constructeurs ont suggéré de remplacer l’ancienne flotte de véhicules utilitaires par des véhicules neufs moins polluants. Dans le cadre des derniers engagements contre le réchauffement climatique, « il serait opportun pour les décideurs politiques indiens de mener des campagnes adaptées auprès de l’opinion afin de modifier les comportements en matière de transport » écrit The Hindu.

Mesures anti-pollution : quel impact sur le secteur automobile ?

Hindustan Times (Inde)18.12.2015« Pourquoi ne pas interdire la cigarette tant qu’on y est ? » demande un témoin cité par The Hindustan Times. Les constructeurs automobiles indiens sont fâchés explique le journal anglophone. Tous avancent le même argument évoqué précédemment : à la différence du tabac pour lequel l’Etat ne fait que prélever une taxe, le diesel a été encouragé par des aides fiscales et des subventions. Et si les constructeurs Maruti Suzuki et Honda sont longtemps restés fidèles, ils ont vu une bonne partie de leurs clients se ruer sur les modèles diesel de Hyundai, Tata Motors, Mahindra & Mahindra et dans une moindre mesure Toyota note le quotidien. Finalement, Maruti s’est adapté au changement et a ouvert son usine diesel à Manesar. Même chose pour Honda. Une interdiction des moteurs à combustion lente ne fera qu’accentuer les pleurs des constructeurs qui ont investi des sommes colossales pour être présents sur le marché du diesel poursuit le Hindustan Times. Le quotidien anglophone est persuadé que la mesure ne s’arrêtera pas à la région de Delhi : Bombay, Bangalore et d’autres mégapoles devraient suivre…
Les services de transport "Go-Jek" et Uber ne seront finalement pas interdits en Indonésie.
Les services de transport "Go-Jek" et Uber ne seront finalement pas interdits en Indonésie. Copie d'écran de The Jakarta Post, le 19 décembre 2015.

Volkswagen attaqué en justice à Pékin, fusion reportée chez Renault-Nissan, marche arrière de Jakarta sur les motos-taxis

Inde : General Motors contraint de réviser son modèle Chevrolet Beat

The Hindu (Inde) 15.12.2015The Hindu a fait le calcul : au total, ce sont 101 597 Chevrolet du modèle Beat Diesel qui ont été rappelées au garage. 248 points de vente de General Motors India ont été mis à contribution fait savoir le constructeur. A l’origine de ce retour chez le concessionnaire : un problème de pédale d’embrayage. La semaine dernière, Honda a également opéré une révision de sa gamme diesel en raison d’un tuyau d’alimentation mal fixé. La filiale indienne du constructeur japonais a ainsi demandé le retour de 64 428 du modèle berline Honda City et de 25 782 du modèle Mobilio. Accusé d’avoir triché sur ses émissions de CO2, le constructeur allemand Volkswagen avait précédemment été contraint de rappeler 323 700 véhicules Audi, Skoda et Volkswagen.

Une ONG chinoise porte plainte contre Volkswagen

Chine nouvelle (Chine) 16.12.2015 – Le dossier a été accepté par la cour populaire n°2 de Tianjin jeudi, dans l’est de la Chine, nous dit l’agence de presse officielle chinoise. La plainte contre Volkswagen a été déposée par une organisation non gouvernementale basée à Pékin précise le South China Morning Postà Hong Kong . La Fondation Chinoise pour la biodiversité, la préservation et le développement durable affirme que le groupe allemand « a produit des véhicules plus polluants pour obtenir des profits plus élevés et contourner les lois chinoises, ce qui a eu pour effet d’aggraver la pollution atmosphérique et de mettre en péril la santé et les droits des individus ». Il est vrai que les Pékinois vivent un hiver particulièrement difficile, avec plusieurs « alertes rouges » à la pollution dans la capitale chinoise. « Cette plainte pourrait donner lieu au premier procès d’intérêt public relatif à la pollution des gaz d’échappement automobiles en Chine » souligne l’agence officielle. Pour l’instant, pas de commentaire côté constructeur indique le Business Standard

Voitures vertes : 11 milliards d’euros de contrats pour Nevs en Chine

The Malay Mail Online (Malaisie) 17.12.2015 – Ex-Saab passé sous pavillon chinois, le constructeur Nevs s’est engagé à livrer 250 000 véhicules électriques à la Chine. L’accord stratégique passé entre National Electric Vehicle Sweden et le chinois Panda New Energy porte sur 78 milliards de yuans (11 milliards d’euros). Les véhicules seront basés sur le modèle de la berline 9-3 de Saab. L’accord doit permettre de créer des centaines d’emplois dans le sud-ouest de la Suède.

La fusion attendra pour Renault-Nissan

The Japan Times (Japon) 15.12.2015 – L’alliance Renault-Nissan à l’épreuve. Cela fait 16 ans maintenant que les constructeurs français et japonais sont partenaires rappelle le Japan Times. Mais pour l’instant pas question de fusionner les deux entités a expliqué Carlos Ghosn. Le dirigeant de l’alliance Renault-Nissan préfère plaider pour un renforcement des synergies. « Nous avons besoin de beaucoup plus de convergence pour imaginer un jour une éventuelle fusion » a expliqué le PDG. Et d’évoquer : « les craintes d’une Nissan-isation de Renault et d’une Renault-isation de Nissan (…) Quand vous sentez des résistances c’est que le moment n’est pas venu. »

« Go-jek » et Uber ne sont plus interdits en Indonésie

The Jakarta Post (Indonésie) 19.12.2015 – Les autorités indonésiennes sont loin d’avoir une ligne claire en matière de transports. C’est en tout cas le constat fait par l’éditorialiste du Jakarta Post suite à l’annonce d’une interdiction générale des applications mettant en relation chauffeurs et clients, puis du retrait de cette même interdiction par le ministère des Transports. Après des mois de débats houleux, après des manifestations parfois violentes de chauffeurs de taxi en colère contre les sociétés Uber et « Go-Jek » (motos taxis), le ministre indonésien des transports, Ignasius Jonan, a d’abord évoqué l’interdiction pure et simple de ces services de transport via internet. Une décision qui a suscité la bronca des utilisateurs de motos taxis avec l’apparition du hashtag #SaveGojek sur Twitter la semaine dernière. Du coup, le président indonésien s’en est mêlé. Joko Widodo s’est lui prononcé contre l’interdiction. Finalement, les services de mise en relation clients – chauffeurs seront autorisés tant que les villes indonésiennes ne disposeront pas de « transports publics décents et fiables » ont affirmé les autorités. Uber compte près de 12000 chauffeurs à Jakarta, Bandung et Bali note le site Today Online . Plus de 200 000 pilotes de motos travaillent pour « Go-jek », et pas seulement pour le transport de personnes. La plateforme propose aussi la livraison de colis, de courriers ou même un service de nettoyage à domicile.
Suite aux attentats de Paris, la compagnie aérienne suspend l'un de ses deux vols quotidiens entre Tokyo et Paris.
Suite aux attentats de Paris, la compagnie aérienne suspend l'un de ses deux vols quotidiens entre Tokyo et Paris. Copie d'écran de Japan Today, le 16 décembre 2015.

Vietnam sans Casino, vol suspendu de Japan Airlines pour Paris et startups innovantes en Thaïlande

Casino veut quitter le Vietnam pour réduire sa dette

Vietnam Net (Vietnam) 17.12.2015 – Au total, le distributeur français entend réduire sa dette de 2 milliards d’euros en 2016. Casino prévoit pour cela des cessions d’actifs non stratégiques mais aussi de surface immobilière non rentable. Selon le communiqué du groupe, à la vente des activités Casino au Vietnam devrait s’ajouter la cession de boutiques dans les centres commerciaux en Thaïlande et en Colombie. Le groupe détient près de 800 000 m2 de surfaces commerciales – hors hypermarchés – via Big C en Thaïlande. Concernant le Vietnam, Casino est présent dans le pays depuis 2001 au travers de 32 supermarchés indique le site Vietnam Pluset 42 magasins.

La JAL suspend un vol pour Paris suite aux attentats

Nikkei Asian Review (Japon) 16.12.2015 – Japan Airlines va supprimer l’un de ses deux vols quotidiens Tokyo-Paris en raison d’une forte baisse de fréquentation enregistrée suite aux attentats qui ont visé la capitale française le 13 novembre dernier. Le taux de remplissage des appareils de la JAL assurant la liaison entre les aéroports de Narita au Japon et Paris Charles de Gaulle en France n’est plus que de 40. Cette diminution restera en vigueur du 12 janvier à la fin du mois de février a confié un responsable de la compagnie à l’Agence France Presse cité par le site Japan Today . La décision éventuelle de rétablir le vol supprimé à partir de mars sera prise ultérieurement affirme le quotidien financier Nikkei.

Thaïlande : un trio de startups « entreprises innovantes » de l’année

The Nation (Thaïlande) 21.12.2015 – And the winner is… Le classement du journal The Nation de l’entreprise la plus innovante de l’année revient à un trio de startups. « Cette année nos félicitations vont à des start-up qui osent introduire de nouveaux modèles d’affaires » écrit le journal anglophone. Les heureux élus étant : Ookbee, Techsauce media et Hubba. Fondé en 2012, le rêve d’Ookbee est de devenir l’Amazon thaïlandais. L’entreprise a d’abord commencé comme éditeur de livre numérique, avant de se transformer en plate-forme communautaire pour les créateurs de contenus. Ookbee a réalisé un chiffre d’affaires de 100 millions de dollars l’année dernière et compte 30 millions d’utilisateurs actifs en Thaïlande, au Vietnam, en Malaisie, aux Philippines et en Indonésie. La marque vient de développer Ookbee Mall, des points de vente de détail destinés à ses internautes. De son côté, Hubba « rêve de bureaux pour une communauté de rêve » explique The Nation. Les premiers espaces de co-working Hubba sont apparus il y a trois ans. La start-up dispose désormais de trois succursales à Bangkok, Chiang Mai et au Laos. Enfin Techsauce media fait partie des satellites de Hubba. Fondé par Oranuch Lerdsuwankij, Techsauce media organise des conférences pour les startups en Thaïlande. Son objectif de long terme est de créer des événements autour des nouvelles technologies et des nouveaux médias en Asie du Sud-Est, et notamment en Birmanie, au Laos et au Vietnam.

Par Stéphane Lagarde

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.
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