Revue de presse Asie - 4 décembre 2015

Réforme militaire chinoise, loi sécuritaire malaisienne et migrants pakistanais renvoyés en Grèce

La réforme militaire envisagée par Xi Jinping est peut-être trop ambitieuse et insuffisamment réfléchie pour être menée à bien.
La réforme militaire envisagée par Xi Jinping est peut-être trop ambitieuse et insuffisamment réfléchie pour être menée à bien. Copie d’écran du South China Morning Post, le 4 décembre 2015.

Asie du Nord-Est

Chine : une réforme militaire trop ambitieuse pour tenir la route ?

South China Morning Post – Trop rapide et bancale. C’est ainsi que les observateurs décrivent la profonde restructuration de l’Armée populaire de Libération (APL) promise par Xi Jinping d’ici 2020 – suppression de 300 000 postes et réorganisation des commandements militaires. Le South China Morning Post rappelle que Moscou a opéré une restructuration similaire de son armée en un temps six fois plus long (30 années contre les 5 prévues par Pékin), et que les coupes massives voulues par Gorbatchev dans le personnel lui ont valu la perte du soutien de l’armée. Certains experts pointent également les contradictions inhérentes à cette réforme : s’il ne fait pas de doute que Xi Jinping souhaite renforcer son contrôle sur l’APL, l’un des objectifs de la restructuration est de moderniser le mode de fonctionnement de l’appareil militaire – considéré comme dépassé et concurrencé par la Commission militaire centrale… dont Xi Jinping est justement à la tête.

Corée du Nord : rumeurs d’attentat contre Kim Jong-un à l’aéroport de Wonsan

The Korea Times – L’affaire remonterait à deux mois mais n’a été rendue publique qu’aujourd’hui. Kim Jong-un aurait été la cible d’un attentat déjoué alors qu’il devait se rendre à l’aéroport de Wonsan (à l’est du pays), où un sac rempli de TNT aurait été dissimulé dans le plafond au-dessus du comptoir d’informations. La découverte des explosifs le 6 octobre aurait entraîné l’annulation immédiate de la visite présidentielle, indique Radio Free Asia dans un article en coréen, cité par The Korea Times.
Si les faits ne sont pas vérifiés, le site d’informations spécialisé NK News rapporte les propos d’un ancien des forces spéciales sud-coréennes, selon lequel il s’agit encore « d’une rumeur nord-coréenne » pouvant révéler une lutte d’influence au sein de l’administration de Pyongyang. Le Département d’Etat de la Sécurité politique, qui aurait découvert les explosifs, aurait pu chercher à s’attirer les faveurs de Kim Jong-un au détriment du Commandement de la Garde suprême…

Corée du Sud : vaste manifestation anti-gouvernementale ce week-end à Séoul

The Korea Herald – C’est une manifestation pour venger une autre manifestation. Le rassemblement organisé ce week-end par 118 organisations de la société civile à Séoul veut dénoncer les brutalités policières exercées mi-novembre à l’encontre de manifestants contre l’adoption de manuels historiques rédigés par l’Etat. Les tirs de canons à eau avaient alors causé une hémorragie cérébrale chez un fermier de 69 ans, toujours dans un état critique. La police s’est engagée à ne pas employer les mêmes méthodes ce week-end, mais a annoncé que des canons à eaux pourraient être employés « en cas de violence », notamment si les manifestants se dirigaient vers le palais présidentiel.

Japon : nouvelle cellule de renseignements sur les islamistes

The Straits Times avec Reuters – Elle sera mise en place dès mardi (le 8 décembre). Pressé par les attentats de Paris, le ministère nippon des Affaires étrangères a annoncé la création d’une nouvelle cellule de renseignements focalisée sur la « menace islamiste ». Objectif : rassembler des informations sur les groupes terroristes tels que Daech et sur les pays dans lesquels ils sont implantés. Le Japon se sent particulièrement menacé puisque le pays fournit une assistance financière aux Etats combattant Daech, et doit accueillir plusieurs événements internationaux dans les années à venir : le sommet du G7 en 2016, la coupe du monde de rugby en 2019 et les Jeux olympiques en 2020.

Asie du Sud-Est

Birmanie : les Etats-Unis s’intéressent au sort des Shan et demandent des comptes

The Irrawaddy – La victoire du parti d’Aung San Suu Kyi aux récentes élections n’apaise pas toutes les tensions, notamment dans l’Etat Shan, à l’est de la Birmanie – l’un des plus instables du pays. Aucun groupe ethnique armé de la région n’ayant accepté de signer l’accord national de cessez-le-feu début novembre, l’armée régulière birmane y a lancé une nouvelle offensive. Et c’est ainsi que la Shan Human Rights Foundation a dénoncé des bombardements indiscriminés de l’armée sur des écoles et des lieux de culte la semaine dernière, ainsi que des assassinats et des viols visant les civils. Les Etats-Unis ont donc décidé de réagir : la porte-parole du Département d’Etat américain a demandé au gouvernement birman de mener une « enquête indépendante » pour condamner les responsables de ces exactions.

Indonésie : l’extraction de charbon menace des millions d’hectares de forêt

Tempo – L’Indonésie est le pays dont les forêts sont les plus menacées par l’extraction du charbon. L’information a été livrée dans le cadre de la COP21, avec la publication d’un rapport de l’ONG Fern. Au total, ce sont 11,9 millions d’hectares de forêt dans le monde qui seraient menacées par l’extraction du noir combustible. Le rejet de composés carbonés est notamment responsable de pluies acides, indique l’hebdomadaire indonésien Tempo.

Malaisie : adpotion du projet de loi controversé sur la sécurité

The Malaysian Insider – La Malaisie glisse-t-elle de plus en plus vers l’autoritarisme ? C’est ce que redoutent les défenseurs des droits de l’homme après l’adoption d’une loi controversée sur la sécurité nationale hier soir. Elle permet de renforcer les pouvoirs du Premier ministre Najib Razak, à la tête du Conseil de la Sécurité nationale nouvellement créé. Parmi les prérogatives accordées : la possibilité d’arrêter sans mandat quiconque dans une zone déclarée « de sécurité », et de donner des directives (voire de contrôler) tout organe de pouvoir fédéral ou local… Notamment la Commission Anti-Corruption, alors même que Najib Razak est toujours plongé dans un scandale de transferts de fonds frauduleux d’environ 700 millions de dollars.

Thaïlande : Prayuth Chan-ocha suspecte des irrégularités dans la construction du parc de Rajabhakti

The Nation – C’est la première fois qu’il s’exprime sur le sujet. Le Premier ministre thaïlandais et chef de la junte Prayuth Chan-ocha estime que la construction du parc historique de Rajabhakti, supervisée par son vice-ministre de la Défense Udomdej Sitabutr, était peut-être entâchée d’irrégularités. Prayuth refuse néanmoins de limoger son vice-ministre et n’envisage pas de remaniement ministériel : « Pourquoi devrait-il porter le chapeau ? Est-il clair qu’il est coupable ? » a-t-il répondu aux journalistes qui lui ont posé la question. Face à la pression populaire, le ministère de la Défense a mis en place un comité d’enquête mais dont le calendrier d’investigation n’est pas encore connu.

Asie du Sud

Inde : la pluie cesse, la catastrophe continue

The Hindu – Si la situation s’améliore petit à petit à Chennai, les effets des inondations perdurent. Alors que les pluies ont cessé aujourd’hui, certains trains circulent de nouveau, l’électricité est revenue dans les zones déblayées, le réseau téléphonique est partiellement rétabli. Mais les distributeurs automatiques restent hors service et l’accès à l’eau potable est extrêmement réduit, note The Hindu. Le quotidien indien publie d’ailleurs une carte interactive édifiante, qui répertorie en temps direct l’ensemble des rues de Chennai encore inondées.

Inde – Népal : une délégation multipartite pourrait se rendre à Katmandou

Hindustan Times – Face au sentiment anti-indien grandissant au Népal, New Delhi cherche à envoyer une délégation multipartite à Katmandou afin de « régler de manière crédible et efficace » la crise entre les deux pays, a indiqué la ministre indienne des Affaires extérieures Sushma Swaraj. Insistant sur la volonté d’assurer « la paix, l’unité et la stabilité » du Népal, le gouvernement de New Delhi a rappelé qu’il n’avait jamais demandé à organiser de blocus commercial pour faire pression sur Katmandou. Les tensions sont vives entre les deux Etats depuis que le Népal a adopté une nouvelle Constitution fin septembre, que l’Inde estime insuffisamment protectrice vis-à-vis de la communauté madhesi.

Pakistan : renvoi de migrants vers la Grèce pour « retour illégal »

The Guardian – La tension monte entre le Pakistan et l’Union européenne sur la question du traitement des réfugiés. Alors que 50 migrants pakistanais ont été rapatriés par l’Union européenne jeudi, Islamabad a accepté de n’en récupérer que 19, estimant que les 31 autres avaient été renvoyés « illégalement ». Le ministre pakistanais de l’Intérieur, Chaudhry Nisar Ali Khan, tient un discours de plus en plus virulent vis-à-vis de l’UE. Selon lui, Bruxelles renvoie des migrants pakistanais « suite à des accusations infondées de terrorisme » avant d’ajouter : « Ceux qui nous donnent des leçons sur les droits fondamentaux devraient également respecter les droits fondamentaux des Pakistanais. » L’année dernière, 21 000 Pakistanais présents illégalement sur le sol européen ont été renvoyés vers Islamabad, rappelle The Guardian.

Par Joris Zylberman et Alexandre Gandil, avec Anda Djoehana Wiradikarta à Paris.

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