Revue de presse Asie - 9 novembre 2015

LND “victorieuse” aux législatives birmanes, gifle électorale pour Modi en Inde et smog en Chine

A l’issue des élections générales d’hier en Birmanie, les supporters de la Ligue nationale pour la Démocratie, parti d’Aung San Suu Kyi, crient déjà victoire. Les premières estimations accordent 70 % des votes au parti. Copie d’écran de DVB (Democratic Voice of Burma), le 9 novembre 2014.

Asie du Sud-Est

Birmanie : le jour d’après

Global New Light of Myanmar – Toute la presse asiatique fait ses gros titres sur les élections législatives en Birmanie hier dimanche, et le probable score important réalisé par la Ligue nationale pour la Démocratie (LND), le parti de l’opposante Aung San Suu Kyi. Même le média d’Etat Global New Light of Myanmar parle de « nouvelle ère » en une, une chose inimaginable il y a encore cinq ans.
Les résultats officiels sont pour l’instant distillés au compte-gouttes, mais la LND pense avoir remporté 70% des sièges au niveau national. Le chiffre est important car il déterminera sa marge de manœuvre au Parlement (25% des sièges y sont réservés aux militaires). Si le succès de la LND n’est pas une surprise, le nombre de voix recueillies dans certaines circonscriptions l’est bien davantage. C’est le cas dans les provinces éloignées du centre, où la LND était confrontée aux partis ethniques, note The Irrawaddy qui publie en Une un live blog des résultats. Même au sein de la capitale Naypyidaw, où résident de très nombreux fonctionnaires, la victoire du parti au pouvoir (Parti de l’union solidaire et du développement ou USDP) n’est pas acquise selon The Myanmar Times.
Sur sa page Facebook, le groupe Eleven Media appelle le président Thein Sein, issu du parti USDP, à contacter Aung San Suu Kyi pour la féliciter, un « bon geste politique qui n’a pas été observé depuis 50 ans» en Birmanie. Plusieurs hauts responsables de l’USDP ont déjà concédé leur défaite dans leurs circonscriptions, comme Htay Oo, un proche du président. Dans une vidéo publiée par Democratic Voice of Burma, il affirme que ces résultats seront acceptés sans réserve.

Thaïlande : un autre détenu accusé de lèse-majesté meurt en prison

Khaosod – Le célèbre astrologue Suriyan Sujaritpalawong, mieux connu sous le nom de « Mor Yong », est décédé en prison samedi, de septicémie, précise le ministre thaïlandais de la Justice. Habitué des plateaux de télévision, il était en détention depuis le 16 octobre pour avoir « assuré être proche de la plus haute institution – la famille royale – dans le but d’en tirer des avantages ». Le média Prachatai donne davantage de détails sur les faits qui lui étaient reprochés. « Mor Yong » avait été arrêté en même temps que deux autres personnes suspectées du même crime : son secrétaire Jirawong Watanathewasilp, et l’ancien policier Prakrom Warunprapha. Ce dernier est lui aussi mort en prison il y a quelques jours ; il a été retrouvé pendu selon les autorités. Depuis leur prise de pouvoir, les militaires thaïlandais ont multiplié les arrestations pour lèse-majesté, un crime passible de 15 ans de prison dans le royaume. Un colonel vient encore d’être mis en examen aujourd’hui, note The Bangkok Post. Il a fui en Birmanie…

Indonésie : un pardon avant l’ouverture du TPI pour 1965 ?

The Jakarta Post – L’avocate des droits de l’Homme Nursyahbani Katjasungkana appelle le gouvernement indonésien à demander pardon aux victimes des massacres de 1965-1966 (voir notre article), en vue de l’ouverture demain à La Haye du « Tribunal populaire international pour 1965 ». Une date qui coïncide avec le 50ème anniversaire du massacre ; un million de personnes accusées d’être membres ou sympathisants du parti communiste indonésien (PKI) auraient été tuées.

Indonésie : trois membres du KNPB interrogés sur la visite d’une journaliste française

The Jakarta Post – Les services de l’immigration ont interrogé vendredi plusieurs membres du KNPB (Comité national pour la Papouasie occidentale) un groupe militant pour l’indépendance de la Nouvelle-Guinée occidentale (lire notre article sur le sujet), après la visite de la journaliste française Marie Dhumieres le 1er octobre dernier.

Cambodge : la vente des billets d’entrée pour Angkor Wat nationalisée

The Cambodia Daily – L’Etat cambodgien reprend entièrement le contrôle de la vente de billets pour le site archéologique d’Angkor Wat. Depuis 1999, c’est la société privée Sokimex qui assurait la collecte des droits d’entrée. Son vice-directeur assure que, contrairement à ce qui a été annoncé en Conseil des ministres vendredi, la résiliation du contrat a été décidée par le gouvernement et ne correspond pas à une « demande » de Sokimex.

Asie du Nord-Est

A Taïwan, la rencontre entre Ma et Xi ne fait pas l’unanimité

Taipei Times – Une première historique, certes, mais diversement appréciée. De part et d’autre de l’échiquier politique taïwanais, les commentaires sont sévères sur la posture du président de la République de Chine (Taïwan), Ma Ying-jeou, lors de son entrevue avec son homologue continental, Xi Jinping, ce samedi 7 novembre à Singapour. Pour Tsai Ing-wen, candidate du Parti Démocrate-progressiste (DPP) et grande favorite de l’élection présidentielle de janvier 2016, les propos de Ma Ying-jeou ne « reflètent pas l’opinion générale des Taïwanais ». Il aurait fait primer ses ambitions personnelles (laisser un héritage politique d’importance) sur les intérêts du peuple taïwanais (la démocratie et la liberté). Du côté de James Soong, candidat du People’s First Party (PFP, issu d’une scission du Kuomintang ), la critique est aussi virulente : Ma Ying-Jeou n’a quasiment pas évoqué l’existence de la « République de Chine » en voulant se plier au consensus de 1992 (une seule Chine, différentes interprétations), ce qui fait de la rencontre entre Ma et Xi « un important pas en arrière pour la sauvegarde de l’existence du régime [de Taipei] ».
Plus concrètement, c’est la question des missiles continentaux installés au Fujian (province faisant face à Taïwan) qui a fait couler beaucoup d’encre. Ma Ying-jeou a soulevé la question auprès de Xi Jinping, qui a répondu que ces missiles n’étaient pas pointés sur l’île… Une réponse dont Ma Ying-jeou s’est dit « pas vraiment satisfait », d’après les propos rapportés par le media en ligne Storm. Et Tsai Ing-wen l’est encore moins : cette déclaration est « irrecevable pour la majorité des Taïwanais », dit-elle au China Times. Selon elle, ses concitoyens ne peuvent se satisfaire d’une telle réponse, qui souligne l’incapacité de Ma Ying-jeou à « prendre en considération les inquiétudes du peuple ».
Peuple taïwanais qui, justement, est aussi divisé que sa classe politique sur cette rencontre… Le quotidien United Daily News publie aujourd’hui un sondage sur le sujet. D’après les résultats, 37 % des Taïwanais sont satisfaits de la rencontre, 33 % ne le sont pas, et près d’un quart n’ont pas d’avis sur la question. Tout du moins, la majorité des personnes interrogées (53 %) estime que Ma Ying-jeou doit être entendu par le Parlement sur son entrevue avec Xi Jinping. Enfin, du fait de la posture plus ferme de Tsai Ing-wen, plus des deux tiers des sondés (67 %) souhaiteraient, si la candidate du DPP est élue l’année prochaine, que soit organisé un sommet « Tsai-Xi ». Les conclusions en seraient certainement beaucoup moins consensuelles.

Chine : le Nord-Est perdu dans le smog

Asian Correspondent avec AP – La qualité de l’air a grimpé à des niveaux dangereux dans le Nord-Est de la Chine, particulièrement dans la ville de Shenyang. Le taux de particules fines a même atteint 40 fois le niveau autorisé. Plusieurs photos inquiétantes sont publiées aujourd’hui dans le China Daily et le South China Morning Post. En cause : le chauffage central au charbon, encore communément utilisé. Les autorités locales ont conseillé aux habitants de ne pas trop se promener dehors…

Japon : bientôt des taxis sans chauffeurs ?

The Japan Times – Développer des voitures sans chauffeurs d’ici cinq ans, avant les Jeux olympiques de Tokyo en 2020 : c’est l’objectif d’équipementiers japonais, qui témoignent dans The Japan Times. Robot Taxi Inc. espère même lancer d’ici là un service de taxi sans chauffeur, qui permettrait de « réduire le nombre d’accidents de la route ». Son directeur indique que la technologie est prête, mais que son développement bute toujours sur un code de la route inadapté et sur le prix trop élevé des composants.

Corée du Sud : la folie des « cable cars »

The Korea Herald – La tendance se confirme : plus de 30 téléphériques sont en cours de construction ou en projet en Corée du Sud, notamment dans les parcs nationaux. Objectif : attirer les touristes et développer l’économie locale. De nombreux projets s’inspirent du funiculaire qui surplombe le parc maritime national Hallyeosudo, à Tongyeong, sur la côte sud. Les défenseurs de l’environnement s’inquiètent des conséquences de ces constructions pour l’écosystème des parcs.

Asie du Sud

Inde : défaite électorale cuisante du BJP au Bihar

The Economic Times – C’est un revers pour le Premier ministre indien Narendra Modi et pour son parti. Le BJP perd l’Etat du Bihar à l’issue d’élections régionales organisées sur plusieurs semaines. La « Grand Secular Alliance » remporte les deux tiers des sièges du Parlement local (178 sur 243) tandis que le BJP n’en récolte qu’un peu plus d’un cinquième (58). Pour les observateurs, ces résultats incarnent le rejet massif des électeurs du Bihar vis-à-vis des réformes économiques et des politiques sociales entreprises par Modi depuis son arrivée au pouvoir en 2014.

Bangladesh : mandat d’arrêt contre le fils du chef de l’opposition

Business Standard avec Press Trust of India – Un mandat d’arrêt a été émis hier contre Tarique Rahman, fils de la chef de l’opposition bangladaise Khaleda Zia. Il est poursuivi pour avoir qualifié le cheick Bangabandhu Mujibur Rahman, père fondateur du Bangladesh, de « Pakbandhu » (ami du Pakistan). Sa mère, l’ancienne Premier ministre Khaleda Zia, accuse l’actuel chef du gouvernement de « vendetta politique ».

Afghanistan : campagne pour le retour des jeunes exilés

Scroll.in« Afghanistan needs you » : plusieurs jeunes de Kaboul ont lancé une campagne sur Internet pour inviter les Afghans de l’étranger à rentrer au pays pour aider à la reconstruction. L’Afghanistan est actuellement le deuxième pourvoyeur de réfugiés dans le monde, derrière la Syrie. Cette initiative coïncide avec une campagne du gouvernement afghan qui vise à tarir le flot de jeunes (et de moins jeunes) qui quittent chaque jour le pays.

Afghanistan : difficile d’être conductrice à Kaboul

The Global Times avec l’AFP – L’agence de presse raconte l’histoire de Rokhsar Azamee, qui a décidé envers et contre tout de prendre le volant depuis l’année dernière à Kaboul. La journaliste de 23 ans dit avoir appris à conduire pour éviter d’être harcelée dans la rue en attendant un taxi. Elle raconte que, malgré tout, des conducteurs continuent de la prendre à partie, allant même jusqu’à causer des accidents. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas, rappelle l’AFP. Jusque dans les années 1990, avant le début de la guerre civile et l’arrivée des Taliban, les femmes n’hésitaient pas à prendre le volant et conduisaient même des bus publics. Mais aujourd’hui, la pratique est considérée par beaucoup d’hommes comme controversée, provocante, voire totalement immorale.
Par Marie Normand, avec Victor Yu à Taipei, Anda Djoehana Wiradikarta et Alexandre Gandil à Paris

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