Lois de défense au Japon, cour hybride au Sri Lanka et incendies en Indonésie

The Japan Times – Si même les magazines féminins s’y mettent, alors c’est que c’est vraiment la révolution ! Tous les journaux de l’Archipel reviennent ce jeudi sur les rassemblements contre les lois de défense du gouvernement de Shinzo Abe. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier dans tout le Japon pour dire non à cette réinterprétation de la constitution pacifique du pays. Les échauffourées ont débordé jusque dans l’enceinte habituellement très feutrée du parlement nippon. Signe que les esprits sont chauffés à blancs, des parlementaires japonais de l’opposition et de la coalition au pouvoir en sont venus aux mains cette nuit. « L’inquiétude de l’opinion vis-à-vis de la législation sur la sécurité a gagné la rue et même les magazines féminins », note de son côté The Japan Times.

Et comme souvent dans les débats de société dans l’archipel, il y a les contre et les « bien au contraire ». Le ton du Mainichi Shimbun est sur ce point on ne peut plus claire. « Nous sommes fermement opposés à la loi sur la sécurité », titrait hier le journal dans son éditorial : « Le refus des nouvelle lois n’est pas quelque chose de purement émotionnel et de temporaire. Il est basé sur la crainte réelle (…) que soit mis à mal tout ce qu’a réalisé le Japon en tant que nation pacifique depuis des années. » Le Mainichi évoque aussi les Beatles avec ces mots sur la pancarte d’un manifestant : « Give Peace a Chance ».

De son côté, l’éditorial de l’Asahi Shimbun s’attache à la forme plus qu’au fond. Le passage en force de la loi n’est pas une bonne méthode, estime le quotidien : « L’adoption de la loi sur la sécurité va créer un long débat constitutionnel, exténuant pour le pays (…). Il est difficile de croire qu’une loi qui pourrait être déclarée comme institutionnelle soit bonne pour la sécurité nationale… » Le journal reste toutefois persuadé qu’Abe va tenir sa promesse faite devant le Congrès américain, et la nouvelle loi de défense devrait être promulguée dans les jours qui viennent.

The Asahi Shimbun – « T’ar ta gueule à la récré », chantait Alain Souchon dans sa jeunesse. Au Japon aussi visiblement, les bagarres entre élèves explosent plus facilement quand on a dix ans. « Les écoles élémentaires de l’archipel se transforment en véritables champs de bataille », s’inquiète l’Asahi Shimbun. 11 468 agressions ont été signalées en primaire depuis mars 2014, c’est environ 5% de plus que l’année dernière. Parmi les cas cités, 7 113 impliquent des combats entre camarades, 2 151 des agressions contre les enseignants, 1 997 des dommages matériels. Cette spirale de la violence serait liée à une incapacité des élèves à « contrôler leurs émotions » ainsi qu’à des « problèmes de communication », indique le ministère nippon de l’Education. A cela s’ajoute une hausse croissante d’élèves venus de milieux défavorisés et un manque de soutien dans le foyer familial. Seule bonne nouvelle dans ces chiffres publiés par le ministère : les violences dans le secondaire et à l’université sont en recul.

South China Morning Post – La cybersécurité sera une question majeure lors de la rencontre la semaine prochaine entre les présidents chinois et américain à Washington. C’est en tous cas ce que laissent entendre les propos échangés lors d’une réunion de préparation entre Obama et les chefs d’entreprises, rapporte le South China Morning Post. La sécurité sur Internet et la lutte contre le piratage informatique sont devenus à la fois un point de friction et un défi commun à la première et à la deuxième économie du monde. Un haut responsable chinois a déclaré jeudi que Pékin voulait travailler avec les Etats-Unis sur ces questions de défense du cyberespace, tout en continuant à défendre ses intérêts.

China Times – C’est devenu une habitude et presque un rituel depuis la rupture des relations diplomatiques en 1979. A chaque grande rencontre sino-américaine, souligne Victor Yu, les Taïwanais commentent avec fébrilité les arcanes des mécanismes qui mèneront aux déclarations conjointes de Pékin et Washington portant sur « la question de Taïwan ». La visite d’Etat du président Xi Jinping aux Etats-Unis le 22 septembre prochain, n’échappe pas à la règle. Les experts cités par le Taipei Times sont ainsi persuadés que la « question de Taïwan » figurera dans l’agenda des présidents. L’United Daily News, en langue chinoise rappelle la position du Bureau des Affaires taïwanaises à Pékin, l’organe en charge de l’application de la politique de réunification, selon laquelle il ne peut y avoir d’institutionnalisation des relations entre les deux rives sans le respect du Consensus de 1992. Le quotidien avait en outre publié, hier, les résultats de son étude d’opinion annuelle sur les relations entre les deux rives et selon laquelle la majorité des Taiwanais (55%) sont en faveur du maintien du statu quo entre les deux rives. Le China Post rapporte de son côté les dernières déclarations de la candidate Tsai Ing-wen. Selon le quotidien anglophone conservateur, cette dernière s’est justement engagée hier à maintenir ce statu quo (voir notre article sur la question).

The Asahi Shimbun – Il n’y a pas que le « ready made » de Marcel Duchamp qui termine au musée. Les Japonais qui vouent un culte aux lieux d’aisances peuvent désormais également suivre l’évolution des WC au Japon dans le tout nouveau musée Toto à Kyushu. L’inventeur de la fameuse douchette et premier fabricant de sanitaires de l’archipel, propose aux visiteurs de découvrir 950 sièges et objets liés à la toilette intime, raconte le reporter de l’Asahi Shimbun. Parmi les pièces les plus rares, le trône en céramique utilisé par le général américain MacArthur himself, ainsi que la première cuvette occidentale développée à partir de 1914.

The Jakarta Post – Sept personnes parmi lesquelles des cadres de sociétés soupçonnées d’avoir provoqué des incendies dans l’île de Sumatra, ont été arrêtées. La pratique de la terre brûlée est utilisée pour défricher les terrains et laisser la place à des cultures d’huile de palme et des arbres pour la pâte à papier. Parmi les suspects, figure un responsable exécutif de Bumi Mekar Hijau, une filiale du géant singapourien Asia Pulp and Paper (APP), le plus gros producteur en Indonésie. Les suspects risquent jusqu’à 15 ans de prison. L’île de Sumatra et Kalimantan, la partie indonésienne de Bornéo, sont ravagées par les flammes depuis deux semaines. Les feux provoquent une épaisse fumée blanche et des nuisances jusqu’en Malaisie et à Singapour, et pourraient perturber jusqu’au Grand Prix de formule 1 de la cité-Etat dimanche.

New Straits Times Online – Près de 2 000 soldats continuent d’affronter les flammes en Indonésie, mais les incendies sont loin d’être tous maîtrisés et des dizaines de milliers d’habitants de Sumatra et de Kalimatan sont toujours victimes de la mauvaise qualité de l’air liée à l’épaisse fumée blanche. Le brouillard de pollution affecte également la Malaisie où des masques ont été distribués gratuitement dans plusieurs régions. Une partie des écoles de Kuala Lumpur qui étaient fermées depuis mardi ont rouvert ce jeudi, mais le ministère malaisien de l’Environnement maintient ses appels à la prudence. Les écoles de Kuching, Samarahan, Padawan, Lundu et Bau resteront ainsi portes closes en raison d’indice de la qualité de l’air qui se sont très fortement dégradés. Et plusieurs vols dans les aéroports de la région ont dû être annulés.

The Straits Times – Ils reviennent chaque année avec les incendies en Indonésie, d’épais nuages de fumée envahissent le ciel du sud-est de l’Asie, provoquant d’importants dégâts sur la santé et l’environnement, affirme l’Agence France Presse à Singapour. La principale cause est la culture sur brûlis en Indonésie. Les pires incendies remontent à 1997. Les premiers touchés sont les habitants de Sumatra et Kalimatan, mais aussi les pays voisins. Pourquoi ces incendies reviennent-ils chaque année ? « En dépit des fortes amendes et des longues peines de prison prévues pour les incendiaires, l’application de la loi est peu efficace en raison de la corruption qui gangrène le pays », poursuit l’AFP.

The Times of India L’Inde aussi ne respire plus. Les chiffres publiés par le Times of India sont alarmants. Dans dix ans, estime le quotidien anglophone, New Delhi devrait enregistrer le plus grand nombre de décès prématurés dus à la pollution de l’air. En 2025, près de 32 000 habitants de la capitale indienne vont mourir en raison de la pollution. Les autres villes concernées par ce pic de décès en raison des micro-particules dans l’air sont Kolkata et Bombay. Selon l’OMS, 3,3 millions de personnes dans le monde meurent chaque année prématurément des effets de la pollution de l’air.

Sunday Times – A l’image du Times, tous les quotidiens au Sri Lanka reviennent ce jeudi sur le rapport des Nations Unies concernant les crimes de guerre commis par l’armée sri-lankaise lors de l’écrasement de la rébellion tamouls dans les années 2000. « Les membres de l’ONU doivent soutenir la mise en place d’une Cour hybride », à la fois locale et internationale. La phrase contenue dans le rapport publié hier est en manchette du Times, mais aussi de The Island ou de Tamil Net. La question de la présence d’experts étrangers dans le futur tribunal est indispensable pour assurer l’impartialité des débats, affirme le site d’information de la communauté tamoule. Les autorités de Colombo ont promis jeudi de punir les coupables de crimes de guerre, sans toutefois commenter la recommandation de l’ONU concernant l’association des experts internationaux dans l’enquête.

Sri Lanka Guardian – Le lien envoyé par Sébastien Farcis, notre correspondant à New Delhi permet d’en savoir un peu plus sur le fonctionnement de ces cours hybrides chargées de juger des crimes commis le plus souvent lors de guerres civiles. « Sans aucun doute, l’une des nouveautés les plus intéressantes dans le domaine du droit pénal international au début des années 2000, écrit le Sri Lanka Guardian, est l’émergence d’une troisième génération de juridiction pénale après les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo et les tribunaux internationaux de type TPIY, TPIR et CPI, à savoir les cours hybrides. » Actuellement, le terme est utilisé pour évoquer trois juridictions créées entre 1999 et 2001, au Timor Oriental, au Kosovo, en Sierra Léone et au Cambodge pour juger du génocide Khmers rouges. Leur point commun est qu’elles sont toutes « composées de personnels locaux et internationaux » et qu’elles appliquent « un composé de droit et de procédure mixte ».

La rédaction d’Asialyst

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