Revue de Presse Asie - 4 juin 2015

Naufrage chinois, électeurs japonais et nouilles indiennes

Copie écran du site The Japan Times, le 4 juin 2015.

Naufrage en Chine : Colère des familles et héroïsme des plongeurs

South China Morning Post – Qu’est-il arrivé à « l’Etoile de l’Est » ? Beaucoup de questions encore ce jeudi suite au naufrage d’un navire de croisière sur le fleuve Yangtsé. 456 personnes se trouvaient à bord, rapporte le South China Morning Post, dont 46 membres d’équipage et 405 passagers. Le plus jeune avait seulement trois ans et le plus âgé plus de 80 ans, selon la liste publiée par les médias officiels. L’Etoile de l’Est a quitté Nankin (Nanjing) ce lundi, le bateau a chaviré le même jour vers 21h30 alors qu’il se trouvait au cœur d’un orage dans la province centrale du Hubei. 180 plongeurs de l’Armée Populaire de Libération participent aux recherches, selon CCTV citée par le quotidien anglophone. Comme lors du naufrage du ferry Sewol en Corée du Sud en avril 2014, un premier groupe constitué de 13 plongeurs a déclaré qu’il était difficile d’ouvrir les portes du navire compte tenu des conditions météo. La pluie devrait continuer jusqu’à vendredi. Les données satellites publiées par le Centre d’information de China Telecom ont montré que le navire avait fait un virage de 108 degrés à environ 21h20, puis a continué sa dérive pendant dix minutes avant de sombrer dans les eaux boueuses du Yangtsé.
Hier mardi les familles des victimes ont laissé éclater leur colère, souligne Caixin devant le peu d’information sur les circonstances de l’accident. Le Premier ministre Li Keqiang s’est rendu sur place. Les autorités assurent de leur côté que tout a été fait pour sauver les survivants. Quelque 109 navires et plus de 1 900 personnes auraient ainsi participé à l’opération de sauvetage, selon le ministère des transports. Le capitaine qui a survécu au naufrage continue de répondre aux questions des enquêteurs avec l’ingénieur en chef du navire. Le capitaine a déclaré au journal local, Chutian Metropolis Daily, que le navire se serait couché sur le côté droit juste après avoir été frappé par une tornade.
China Daily – Trois jours après le naufrage, la presse officielle s’est visiblement donné le mot pour évoquer l’héroïsme des sauveteurs. Portrait d’un plongeur sous-marin hier soir sur CCTV, et encore ce matin les « héros » de « l’Etoile de l’Est » sont dans le China Daily. Trois plongeurs se sont vu attribuer la médaille du mérite pour leurs efforts. Tous les trois appartiennent aux unités du génie de la marine chinoise. Le quotidien anglophone raconte notamment les exploits d’un certain Guan Dong, parmi les tous premiers à plonger. M. Guan a d’abord trouvé une vieille femme dans une cabine et l’a aidé à mettre son équipement de plongée. Vingt minutes plus tard, la victime était sauvée, écrit le journal. Puis ce fut le tour d’un marin en état de choc. De l’eau pleine de gazole montait alors dans la cabine, piquant les yeux et rendant la respiration difficile. Même chose, le sauveteur lui a transmis son masque à oxygène et lui a permis d’échapper à une mort quasi certaine. Les plongeurs Xie Qifeng et Shi Baiyan ont également été décorés pour leur courage et leur efficacité. Le pire naufrage qu’ait connu le pays, remonte à 1948. Le vapeur « Kiangya » avait alors disparu dans les eaux de la rivière Huangpu, tuant plus d’un millier de personnes.

Tian’anmen : anniversaire sous silence

Bien entendu aucun journal du continent ne titre sur la commémoration du 26ème anniversaire de la répression du mouvement de Tian’anmen. Et devant l’ampleur de la catastrophe maritime, même le South China Morning Post, souvent prompt à critiquer le régime de Pékin, se devait de titrer sur le naufrage de l’ « Etoile de l’Est ». C’est d’ailleurs aussi le choix du China Post de Taïwan. Pour autant, personne n’oublie : en particulier ce groupe d’étudiants chinois des universités américaines, nés dans les années 1980 et 1990, et qui ont publié un texte sur la mémoire du massacre, occultée pour les jeunes génération (lire la traduction en français). Les Hongkongais non plus n’oublient pas, eux qui devraient être encore très nombreux à se presser ce soir pour la veillée funèbre de commémoration.

Inde : des nouilles au goût amer

The Times of India – Après l’Etat de l’Uttar Pradesh (le plus grand du pays, situé à l’est de l’Inde), le gouvernement de Delhi a également trouvé des niveaux bien trop élevés de plomb dans les nouilles instantanées Maggi, et a interdit ce produit pour 15 jours afin de réaliser davantage de tests. Le gouvernement de l’Uttar Pradesh a déjà déposé plainte contre le groupe Nestlé-Inde, qui produit ces nouilles. Ces dernières sont extrêmement populaires auprès des jeunes, des étudiants et pour tous les repas rapides. Ces pâtes au contenu aujourd’hui controversé représentent 1/3 des ventes du groupe suisse en Inde. Des cadres de haut niveau du groupe sont arrivés dans le pays pour essayer de gérer cette crise.

Vietnam : la création d’une « nouvelle Hong Kong » provoque un tollé

Người Lao Động (en vietnamien – « Le Travailleur » est publié par le Syndicat des travailleurs d’Ho-Chi-Minh-Ville, qui fait partie de la Confédération syndicale — officielle, seule organisation syndicale autorisée. Ce quotidien a un ton engagé et est le premier à nommer « grève » des ouvriers au lieu d’ « arrêt de travail collectif », utilisé jusqu’alors.) – L’opinion publique et les réseaux sociaux s’enflamment à l’unisson contre le méga-projet « Phénix » du groupe indien Dewan qui envisage de faire de Nha-Trang — une petite ville dotée de kilomètres de plages magnifiques — « une nouvelle Hong-Kong ou Honolulu », selon la formule de Nguyen Chien Thang, le président du comité provincial de Khanh-Hoa (Centre du Vietnam). Ce dernier ne désarme pas : « Non, le projet n’est pas arrêté ! », en réponse aux avis du bureau permanent provincial du Parti — une administration « bis » dans le système étatique vietnamien — qui recommandait de « reporter et réexaminer le projet, voire de l’abandonner… »
Les pouvoirs provinciaux soutenaient jusqu’alors ce projet controversé, à l’exception du Parti, mais ils sont devenus depuis quelques temps plus sensibles à la réaction de l’opinion. L’accord de principe a pourtant été signé et il prévoit que la province et la ville vont confier à Dewan la reconstruction totale des fronts de mer sur 74 hectares et sur 6,5 km de plages. Là sortiront de terre et de la mer une tour de 40-65 étages, des hôtels sur l’eau, des centres commerciaux sous-terrain, un tramway qui reliera le tout. Sans oublier des équipements publics comme une longue promenade au bord de mer, des parcs, des pistes de skateboard, entre autres… « Il s’agit d’échanges [commerciaux] équitables pour se doter d’infrastructures publiques modernes, sans utiliser le budget public ! », argumente M. Thang. Ses détracteurs, parmi lesquels de célèbres architectes et urbanistes, y voient plutôt une « bétonisation », un développement nullement durable et pas du tout en accord avec l’air du temps écologique. Les autres y verront les dessous de table et la privatisation de l’espace publique. Devant le tollé dans l’opinion, le premier ministre Nguyen Tan Dung demande de « rendre les plages au peuple » et envisage une loi nationale réglementant l’accès des projets immobiliers à la zone littorale. Le débat commence !

Le Japon veut ramener l’âge de voter à 18 ans

The Japan Times – Le changement est-il de nature à faire perdre des voix aux conservateurs dans un pays où la pyramide des âges a une tête de champignon ? C’est en tous cas la première modification sur l’âge des votants au Japon depuis maintenant 70 ans. La Chambre des représentants a adopté jeudi un projet de loi visant à abaisser l’âge minimum pour voter à 18 contre 20 ans auparavant. Si le projet est entériné, ce sont quelques 2,4 millions de jeunes âgés de 18 et 19 ans qui pourront participer aux prochaines élections. La loi attend encore sa validation par le Sénat avant d’être adoptée le 17 juin prochain. Reste à savoir quel sera le taux de participation au scrutin de ces jeunes électeurs, dont certains restent « apathiques » devant le vote, souligne The Japan Times dans un autre article.

Le retour des milices en Afghanistan

Gandhara – Ont-elles vraiment disparu un jour ? Le site Gandhara qui s’appuie sur les récits de l’Agence Associated Press, affirme en tous cas que le pouvoir à Kaboul compte de nouveau sur des forces paramilitaires, et en l’occurrence sur une milice nationale « bon marché et dangereuse », pour assurer la sécurité de l’Etat. La milice en question compterait près de 30 000 combattants, dont certains ont commis de « graves abus dans les communautés qu’ils sont censés protéger », souligne l’International Crisis Group. Une milice pro-gouvernementale qui agit au nom de la police locale afghane aurait ainsi tué des civils et commis plusieurs crimes allant du vol au viol, en passant par les enlèvements, le trafic de drogue et l’extorsion. Le gouvernement afghan aurait également appris à compter sur d’autres milices locales pour s’opposer à la recrudescence des attaques de talibans, dans leur offensive annuelle de printemps. Ces milices ont suivi « l’effort déployé par les Américains pour mobiliser les communautés rurales contre les talibans ». Des hommes qui coûtent « seulement » 120 millions de dollars par an au budget de l’Etat. Problème : Ces « miliciens agissent comme des mercenaires dans les zones où ils sont censés faire la police, et les gouvernements locaux ont du mal à les contrôler », rapporte le site d’information, citant des responsables anonymes.

Indonésie : le gouvernement planche sur une aide aux boat-people Rohingyas

The Jakarta Post – Le gouvernement indonésien est actuellement en train de plancher sur un plan d’action pour venir en aide aux boat-people Rohingyas. Ce plan prévoit tout autant la distribution de nourriture que la mise en place de camps de rétention temporaire dans le nord et l’est de la province d’Aceh. Cette ambitieuse feuille de route impliquant plusieurs ministères est destinée à répondre aux promesses de prendre en charge pendant un an tous les boat-people Rohingyas qui seront entrés dans le pays. « Nous travaillons sur ce plan pour décider de ce que nous devons faire pendant un an et quelle va être la responsabilité de chaque ministre », a déclaré Andy Rachmianto, le directeur de la sécurité international et du désarmement du Ministère des Affaires étrangères indonésienne.

Métro-bus flambant neuf et fleurs en plastique à Islamabad

Dawn – Décidément, le Premier ministre pakistanais est un amoureux du rail ! Nawaz Sharif inaugure ainsi ce jeudi un service de transit bus-métro reliant Rawalpindi à Islamabad. Pour des raisons de sécurité la cérémonie ne se tient pas au départ en banlieue d’Islamabad mais dans le Centre des Congrès de la capitale. Pince-sans-rire, le groupe Dawn relève que les plantes qui ornent une portion de la nouvelle ligne reliant un centre commercial au parlement sont en plastique. Un paradoxe alors que plus de 4 000 arbres ont été coupés pour laisser place au métro, poursuivent nos confrères pakistanais. En mars de l’année dernière, la Cour suprême pakistanaise a pris note des préoccupations de l’opposition concernant les dommages faits à l’environnement. Le gouvernement a indiqué qu’il mettrait des fonds à disposition pour corriger le tir. Le chantier est inauguré avec cinq mois de retard sur le calendrier initial.
La rédaction d’Asialyst

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