Revue de presse Chine - 14 septembre 2016

Chine : "fraude électorale" et députés démis dans le Liaoning

45 membres du Congrès provincial de la province du Liaoning, dans le Nord, ont dû démissionner provoquant un immobilisme politique. Copie d'écran du South China Morning Post, le 14 septembre 2016.
45 membres du Congrès provincial de la province du Liaoning, dans le Nord, ont dû démissionner provoquant un immobilisme politique. Copie d'écran du South China Morning Post, le 14 septembre 2016.
South China Morning Post – La légitimité du gouvernement chinois est-elle sapée ? C’est en ces termes que s’ouvre l’article du South China Morning Post qui nous conte l’ouverture à Pékin d’une session extraordinaire du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP) pour statuer sur une gigantesque fraude électorale. Pas moins de 45 membres du Congrés provincial de la province du Liaoning – dont plus de la moitié de son Comité permanent – ont été forcés de démissionner. Ces démissions ont provoqué l’incapacité pure et simple du Congrès qui ne peut plus réunir un quorum suffisant pour faire approuver ces décisions. La télévision chinoise d’ajouter que c’est la 1ère fois qu’une telle chose se produit depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949. Et Pékin, via le Comité permanent de l’ANP a donc été appelé à la rescousse afin de trouver une solution « conforme à la Constitution ».

L’heure est donc grave dans la province du nord de la Chine puisque, selon les révélations de l’agence de presse chinoise Xinhua, sur les 62 membres du Comité permanent du Congrès provincial du Liaoning, 38 ont dû être démis de leur fonctions. Ce qui porte désormais à 523 le nombre d’officiels de la province a être impliqués dans cette vaste fraude électorale destinée à aider à « l’élection » de 45 des leurs l’Assemblée nationale populaire – soit 5 % du total des députés.
Pour résoudre la question, du moins au niveau provincial, le Comité permament de l’ANP se prépare d’ores et déjà à nommer un panel représentatif au Liaoning afin que les tâches de l’organe représentatif soient assurées. Au niveau national pourtant, la réponse immédiate n’est pas si simple. En effet, cette vaste fraude électorale pose une double question, selon le quotidien hongkongais : celle du rôle pur et simple des députés et celle de la place de la démocratie en Chine.

Ainsi, dans un second article, le South China Morning Post peut – sans coup férir – dire que bien que les députés n’aient qu’une influence minime sur les décisions, ils peuvent utiliser leurs positions pour promouvoir leurs clans et leurs intérêts propres. En effet, l’ANP n’est l’organe suprême de la République poplaire de Chine que « sur le papier ». Constitutionnellement, c’est à ses 3 000 membres que reviennent le « pouvoir « d’élire » le président et le Premier ministre, de contrôler le pouvoir du gouvernement, ou d’approuver les lois ». Or, lorsque le gouvernement de Pékin annonce que plus de la moitié de la délégation de la province du Liaoning au Congrès a été élue par fraude, qu’en est-il des décisions pour lesquelles ils ont votées ? Doivent-elles être elles aussi reconsidérées ? Ou purement et simplement annulées ? La question et ses implications n’a semble-t-il pas échappé à Zhang Dejiang, le président du Comité permanent de l’ANP qui voit le scandale du Liaoning comme « un challenge pour la politique socialiste démocratique de la Chine » car il ébranle « le système socialiste chinois ». Pour autant, malgré ces déclarations, une réforme de la Constitution n’est pas à l’ordre du jour…

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