Mer de Chine : les ambitions de Pékin au centre de tous les regards
Multiplication de phares chinois dans les Spratleys : pour le bien de l’humanité ?
Ensuite, après le phare de Subi, mais aussi ceux de Cuarteron et Johnson South, dixit la presse chinoise, deux phares supplémentaires sont désormais en construction sur les récifs de Mischief et de Fiery Cross. Le premier, situé dans la partie orientale de cet atoll revendiqué notamment par les Philippines, « fait plus de 60 mètres de haut et constitue la plus haute pièce de l’architecture des Nansha [nom chinois des Spratleys, NDLR] », relate la presse pékinoise.
« La présence grandissante de phares chinois et d’installations de secours va offrir de meilleures conditions à la Chine pour assumer ses responsabilités et obligations internationales en matière de recherches en mer et de sauvetage, de lutte contre les catastrophes naturelles et de protection de l’écologie marine », selon l’officiel Zhang Jie.
« Une station habitée établie sur le long terme, cela n’a jamais été tenté si profondément, mais c’est certainement possible », remarque, dans les colonnes de Bloomberg, le chercheur Bryan Clark, du Center for Strategic and Budgetary Assessments de Washington, qui note que « des sous-marins habités se rendent à de telles profondeurs depuis près de 50 ans ». Une fois opérationnelle, la possible plateforme chinoise, potentiellement mobile, pourrait accueillir des dizaines de membres d’équipage pendant des missions d’un mois, le temps de s’intéresser au plus près à ce que le président Xi Jinping appelle « les trésors non découverts et non développés » des eaux profondes.
Encore mieux : une « Grande Muraille » sous-marine pour contrer les Américains
Il est question, selon le groupe CSSC, de surveillance et de collecte de données en environnement sous-marin, de localisation en temps réel, de traçage de cibles à la surface ou sous l’eau, d’alertes aux raz-de-marée, tsunamis et autres désastres, ainsi que de recherches scientifiques marines. Si un tel système devrait être fourni à l’armée chinoise – cela va de soi -, la Chine assure également qu’elle souhaite l’ouvrir à la vente, comme de nombreux autres systèmes développés jusqu’ici. Mais le sens du partage pékinois reste à vérifier dans ce cas précis.
Rapport de force sino-américain : réquilibrage sous l’eau, mais aussi dans les airs
« Au premier rang des atouts militaires de la Chine capables d’atteindre Guam, le DF- 26 IRBM représente l’aboutissement de décennies de progrès chinois en matière de missiles balistiques conventionnels », pointe le rapport. CNN rappelle qu’environ 6 000 Américains sont basés sur Guam. « Les dirigeants chinois pourraient se montrer plus enclins à recourir à la force militaire en cas de crise, s’ils considèrent pouvoir neutraliser Guam avec succès, car ce territoire serait alors un point-clé pour le soutien de forces américaines opérant plus à l’Ouest », craignent les auteurs du rapport. Et de conclure que leur inclusion dans la parade militaire pékinoise « indique qu’ils ont probablement été déployés comme une arme opérationnelle ».
Suite des visites de courtoisie américaines près des Chinois dans les Spratleys
Selon le ministre chinois de la Défense, Pékin a répondu en envoyant deux chasseurs J-11, un Y-8 et trois navires de guerre. « Les vaisseaux chinois ont lancé une douzaine d’avertissements par radio selon un officiel américain, mais ils ne se sont pas approchés aussi près du navire américain qu’ils ne l’avaient fait les dernières fois », assure CNN. Mais Pékin a dénoncé « une entrée non autorisée », « un acte sérieux de provocation », ou encore « une menace pour la souveraineté de la Chine et pour ses intérêts sécuritaires ». Qu’à cela ne tienne : « Cette opération démontre, comme le président Obama l’a affirmé, que les Etats-Unis continueront de voler, naviguer et opérer partout où le droit international les y autorise. C’est vrai en mer de Chine méridionale, comme dans n’importe quel autre endroit du monde », a réagi le Pentagone.
Nouvelle visite de courtoisie américaine auprès de l’allié philippin également
Et un jour, les bombardiers chinois débarquèrent à leur tour dans les îles Spratleys
De facto, il ne s’agit effectivement que d’une confirmation, puisque plusieurs pistes d’atterrissage élaborées par Pékin dans l’archipel des îles Spratleys ont la capacité, de par leur longueur, d’accueillir tous les types d’aéronefs que compte l’Armée de libération du peuple dans ses rangs, y compris des bombardiers. Ce qui apporte à ce pays, bien qu’il démente officiellement vouloir militariser la sous-région, les infrastructures stratégiques pour le faire.
Un léger parfum de guerre froide sino-américaine à Singapour
M. Carter a appelé les pays de la région partageant les mêmes valeurs à construire une série de partenariats entre eux pour la facilitation du partage des ressources. Il a aussi prévenu la Chine que ce qui la guettait, c’était de se construire elle-même une « Grande Muraille de l’isolation ». Ce à quoi l’amiral Sun Jianguo a répondu que la Chine ne produisait pas de troubles, mais ne les craignait pas non plus : « Nous n’étions pas isolé dans le passé, nous ne sommes pas isolés aujourd’hui, et nous ne serons pas isolés à l’avenir. Certaines personnes et pays regardent toujours la Chine avec une mentalité et des préjugés de guerre froide. Ils devraient construire une muraille dans leur propre esprit et cesser de s’isoler eux-mêmes. »
« Ce qui est notable, c’est que les membres participants ont tranquillement refusé de prendre part à la prise de bec Etats-Unis-Chine. Les délégués de l’ASEAN n’ont même pas critiqué la Chine », remarque M. Hasan. Et d’ajouter : « Il est intéressant de noter qu’au moment où Ashton Carter soufflait le chaud à la Chine à Singapour, un souriant secrétaire d’Etat John Kerry atterrissait à Pékin pour le Dialogue annuel stratégique et économique (6-8 juin 2016) avec la Chine. Vraiment, les relations sino-américaines sont vastes et compliquées. »
Conflits territoriaux, CNUDM et arbitrage philippin contre la Chine : la France s’en mêle !
Il n’en fallait pas plus pour que Paris se retrouve classé parmi ceux qui soutiendront la décision tant attendue de La Haye dans l’explosif litige sino-philippin en mer de Chine méridionale.
Vers des patrouilles européennes en mer de Chine méridionale sous impulsion française ?
Et de formuler son annonce principale du jour : « La situation en mer de Chine concerne directement l’Union européenne, et pas seulement à cause de l’intérêt de nos économies à ce que la liberté de circulation maritime soit respectée. Dès lors, pourquoi ne pas envisager que les marines européennes se coordonnent de manière à assurer une présence aussi régulière et visible que possible dans les espaces maritimes en Asie ? Je détaillerai prochainement cette proposition à mes collègues européens, et j’espère que lors de la prochaine édition du Shangri-La, nous pourrons, ensemble, en mesurer les effets. »
Conflits territoriaux en mer de Chine : quel rôle pour Hanoï ?
« Longtemps, Hanoï a été invité à ouvrir ce port aux vaisseaux étrangers dans la région, mais le Vietnam souhaitait s’assurer que cela ne concernerait pas n’importe quel pays », expliquent en choeur les chercheurs Zachary Abuza et Nguyen Nhat Anh, qui décryptent la nouvelle ambition vietnamienne sur le site du think tank américain Center for International Maritime Security (CIMSEC).
Une chose est sûre : le Vietnam n’est plus « persona non grata »
Invités par Pékin, des pays de l’ASEAN tentent de faire front uni. Sans succès
Mais leur front de façade s’est vite érodé, puisque leur déclaration a été rétractée quelques heures plus tard, explique le Wall Street Journal. « De hauts diplomates de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est ont exhorté au respect du droit international dans le règlement des différends, un coup à peine voilé au refus de Pékin d’accepter la décision de l’arbitrage tribunal de La Haye », écrit le média américain. Mais « plusieurs heures après leur communiqué, le ministre malaisien des Affaires étrangères a dit que l’ASEAN rétractait son document, pour effectuer quelques changements. (..) Un diplomate confirmé d’un pays de l’ASEAN a expliqué plus tard que le bloc avait décidé de ne pas délivrer de communiqué conjoint, et que les Etats membres allaient délivrer des déclarations individuelles s’ils le souhaitaient. »
Et pendant ce temps-là, la Chine réitère : la décision de La Haye ne vaut rien à ses yeux
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