Mers de Chine (3/3) : les Senkaku/Diaoyu, d'un détroit à l'autre
Dossier
Selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM, disponible ici en pdf), la possession d’un territoire côtier par un Etat lui offre en principe des prérogatives sur une étendue d’eau de 200 milles nautiques face à sa côte. Cela s’appelle la Zone économique exclusive (ZEE). La Chine, qui a ratifié ce texte onusien, revendique néanmoins plus de territoires maritimes que ceux qui se rattachent à sa côte. Elle lorgne les ZEE se rattachant à des îles, îlots et récifs qu’elle considère comme siens loin du continent.
En mer de Chine méridionale (ou mer de Chine du Sud), elle réclame ainsi la quasi-intégralité du gâteau : les archipels Paracels, Pratas et Spratleys, mais aussi les récifs Macclesfield et Scarborough. En mer de Chine orientale, outre Taïwan, elle lorgne les îles Senkaku/Diaoyu, dans lesquelles le Japon se sent chez lui. Dans ces trois zones, l’histoire semble parfois loin d’avoir trouvé son point final. Les protagonistes sont nombreux, puissamment armés, et leurs positions paraissent inconciliables.
Retour en trois actes sur l’histoire et les ressorts de conflits maritimes et territoriaux jamais soldés, que la CNUDM et l’ASEAN n’ont pas permis de résoudre, et qui ont finalement créé l’une des régions les plus instables du monde.
De l’autre côté du détroit de Taïwan, tout semble figé ou presque depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 et la naissance de Taïwan telle qu’on la connait actuellement, c’est-à-dire en tant que République de Chine en exil après la victoire de Mao en 1949. Presque aucune île de l’Est n’a basculé d’un camp à un autre depuis cette période, alors que les revendications des puissances environnantes (Tokyo, Pékin et Taipei) sont tout aussi antagoniques qu’au sud du détroit de Taïwan, où la Malaisie, les Philippines, le Vietnam, Brunei et les deux Chine s’écharpent à coups de polders.
Jusqu’où peut-on comparer la situation des deux mers de Chine? A quel point s’agit-il d’une seule et même histoire, à savoir la renaissance d’une puissance maritime et navale chinoise de première envergure ? Pour pousser le questionnement un peu plus loin, nous proposons dans cette troisième et dernière partie de revenir, d’abord, sur le processus au cours duquel la paix en mer de Chine du Sud s’est retrouvée durablement fragilisée, à partir des années 1970. Nous basculerons ensuite sur la situation en mer de Chine orientale, pour scruter les fragilités existantes où des étincelles pourraient un jour venir faire bousculer la donne suivant les mêmes modèles.
Derrière ces interrogations se cache un enjeu géopolitique majeur : l’avenir des rapports de force entre les deux superpuissances du XXIe siècle dans le Pacifique – la Chine et les Etats-Unis. Conseil de lecture: sur les cartes, double-clic pour zoomer ; et pour dézoomer : maj + double-clic.
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