Djakarta : embouteillages et ville intelligente
D’après les données de la police indonésienne, Djakarta comptait 17,5 millions de véhicules motorisés en 2014, une augmentation de 9% par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, la capacité des routes n’avait, elle, augmenté que de 0,01%. Ajoutez à cela quatre millions de personnes s’y rendant quotidiennement depuis les autres villes de l’agglomération et vous obtenez une ville qui pourrait se retrouver en situation d’embouteillage permanent en 2020.
Ce n’est pourtant pas le seul problème d’envergure auquel l’ancienne Batavia doit faire face. Tous les ans aux mois de janvier et février, au moment ou la saison des pluies bat traditionnellement son plein, une partie de la ville est soumise aux inondations. Les 13 rivières qui confluent vers la capitale y apportent l’eau de pluie venant des montagnes volcaniques environnantes de Java Ouest. En février 2007, les pires inondations de ces dernières décennies avaient recouvert environ 70% de la ville et tué 80 personnes.
Les coûts économiques et sociaux se chiffrent en milliards dollars. Six milliards annuels d’après la Banque Mondiale à cause de la congestion du trafic routier. Plus trois autres milliards à cause des inondations.
Contexte
Que dit le gouvernement indonésien des problèmes de Djakarta ? Ce n’est pas que les pouvoirs publics les ignorent, au contraire. Depuis 1980, plus de 25 études ont été réalisées sur le développement des transports publics dans la capitale. Mais la combinaison d’un manque de volonté politique, de la corruption endémique et de la crise financière et monétaire asiatique de 1997-98 ont toujours eu raison de ces différents projets. Jusqu’en 2012. L’actuel Président de la République Joko Widodo (Jokowi) y est élu Gouverneur de Djakarta, dans la foulée de presque deux mandats à la tête de la ville de Solo. Dans cette ville moyenne du centre de Java dont il est originaire, Jokowi se bâtit une réputation de maire incorruptible, efficace et proche des gens. Avec Basuki Tjahaja Purnama (Ahok), son Vice-gouverneur devenu Gouverneur en 2014 suite a l’élection présidentielle, ils vont enfin lancer la construction du MRT (Mass Rapid Transit), un métro en partie aérien, en partie souterrain dont la première ligne est actuellement en construction. Deux lignes (nord-sud, est-ouest) et 108 kilomètres de réseau sont prévus. Les travaux pour les quinze premiers kilomètres, dans le centre névralgique de la ville, sont en cours. Ils doivent être terminés en 2018 quand Djakarta organisera les Jeux Asiatiques.
La réponse technologique
Ces services n’en sont qu’a leurs balbutiements, et ne pourront seuls régler le maelström des problèmes de la ville. Mais s’il est une certitude, c’est que la technologie jouera un rôle majeur dans l’adaptation des résidents aux conditions et défis proposés par la mégapole. C’est d’ailleurs déjà le cas, et ce sont les initiatives privées et entrepreneuriales qui en montrent la voie.
L’adaptation aux embouteillages, aubaine pour l’e-commerce et le mobile
Cette adaptation passe aussi par le développement exponentiel du e-commerce. En même temps que la confiance dans la sécurité des moyens de paiement, les achats en ligne explosent en Indonésie. Une étude menée par MasterCard montre que 55% des utilisateurs de smartphones dans le pays ont effectue des achats en ligne en 2014, contre 46% l’année précédente. C’est plus que la moyenne des autres pays de la région Asie-Pacifique. Alors que le pays connaît sa plus faible croissance depuis plus de cinq ans, les entreprises de commerce en ligne voient leur optimisme augmenter en même temps que leur chiffre d’affaires. Cette confiance est évidente quand le groupe Lippo, un des principaux conglomérats du pays, investit 200 millions de dollars dans un site de vente en ligne qu’il a pour ambition de faire devenir le AliBaba local.
Au-delà des startups à succès et de l’immense potentiel technologique de Djakarta, ceux qui construisent la ville ne sont pas en reste pour trouver des solutions permettant aux habitants de moins et mieux se déplacer. Tous les grands groupes de construction immobilière développent ainsi aux quatre coins de la ville des blocs intégrés. Ces villes dans la ville comptent tours d’appartements, tours de bureaux, centres commerciaux, hôpitaux, écoles, équipements sportifs, hôtels et espaces verts en une même unité de lieu. Nul n’a néanmoins poussé le concept aussi loin que le projet de Pluit City. Cette idée en cours de réalisation proposera selon ses promoteurs une véritable ville moderne au large du centre urbain sur un terrain artificiel de 160 hectares dans la baie de Djakarta. Quand le projet aura vu le jour, il sera peut-être temps d’envisager quelques lettres supplémentaires au doux nom de Jabodetabek.
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