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Mers de Chine (2/3) : les îles Spratleys, le péril actuel

Copie d’écran de notre infographie pour tout comprendre de l’histoire et l’actualité des îles Spratleys, en mer de Chine du Sud.
Copie d’écran de notre infographie pour tout comprendre de l’histoire et l’actualité des îles Spratleys, en mer de Chine du Sud.
Tout le long du mois de septembre, Asialyst publie une série spéciale en trois volets, consacrée intégralement aux tensions territoriales dans les deux mers de Chine. A travers des cartes interactives, nous remettons en perspective l’actualité récente particulièrement chargée en mer de Chine méridionale, autour de l’archipel des Spratleys convoité par les pays environnants, et en premier lieu par la Chine. Une continuation de la lutte pour le contrôle maritime, qui dure depuis plus d’un demi-siècle. Cette semaine, l’heure est venue d’entrer dans le vif du sujet. Tour d’horizon dans les Spratleys.

Dossier

Selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM, disponible ici en pdf), la possession d’un territoire côtier par un Etat lui offre en principe des prérogatives sur une étendue d’eau de 200 milles nautiques face à sa côte. Cela s’appelle la Zone économique exclusive (ZEE). La Chine, qui a ratifié ce texte onusien, revendique néanmoins plus de territoires maritimes que ceux qui se rattachent à sa côte. Elle lorgne les ZEE se rattachant à des îles, îlots et récifs qu’elle considère comme siens loin du continent.

En mer de Chine méridionale (ou mer de Chine du Sud), elle réclame ainsi la quasi-intégralité du gâteau : les archipels Paracels, Pratas et Spratleys, mais aussi les récifs Macclesfield et Scarborough. En mer de Chine orientale, outre Taïwan, elle lorgne les îles Senkaku/Diaoyu, dans lesquelles le Japon se sent chez lui. Dans ces trois zones, l’histoire semble parfois loin d’avoir trouvé son point final. Les protagonistes sont nombreux, puissamment armés, et leurs positions paraissent inconciliables.

Retour en trois actes sur l’histoire et les ressorts de conflits maritimes et territoriaux jamais soldés, que la CNUDM et l’ASEAN n’ont pas permis de résoudre, et qui ont finalement créé l’une des régions les plus instables du monde.

Incidents de pêche, îles artificielles, imagerie satellite, navires de guerre, avions de combat, escalade verbale, crises diplomatiques, basculement d’alliances en Asie du Sud-Est. Mais que se passe-t-il donc autour des Spratleys, ce vaste archipel d’îles et récifs paradisiaques, perdu à plus de mille kilomètres de Hong Kong tout au sud en mer de Chine ?
Depuis des décennies, plusieurs pays de la région s’arrachent ces minuscules ensembles maritimes : Malaisie, Brunei, Taïwan, Vietnam, Philippines et Chine. C’est la foire d’empoigne. En 1988, une escarmouche a même fait des dizaines de morts autour d’un récif. Mais c’était avant que les Chinois, en moins de deux ans, n’altèrent radicalement la configuration des lieux, en construisant des positions militaires surélevées, et sur-armées, au cœur de ces territoires de la discorde.
Pékin a agi méticuleusement. Dans notre première partie, nous avons vu comment, après la bataille des îles Paracels au nord de la même mer, la République populaire de Chine a déployé ensuite ses intérêts dans ce premier archipel, pour finalement y dresser une préfecture civile en 2012. Histoire d’administrer cette vaste mer qu’elle croit, à tort ou à raison, avoir intégralement héritée de son glorieux passé. Les Paracels sont ainsi devenues un tremplin pour la flotte chinoise en mer de Chine méridionale, mais aussi la première étape d’une vaste voie maritime vers l’Afrique et le Moyen-Orient.
Carte : litiges territoriaux en mers de Chine (orientale et méridionale). Plusieurs territoires sont disputés entre Etats riverains : les îles Senkaku / Diaoyu, les îles Paracels, les îles Spratleys, les îles Pratas, le banc Macclesfield et le récif Scarborough. Réalisation : Alexandre Gandil.
Carte : litiges territoriaux en mers de Chine (orientale et méridionale). Plusieurs territoires sont disputés entre Etats riverains : les îles Senkaku / Diaoyu, les îles Paracels, les îles Spratleys, les îles Pratas, le banc Macclesfield et le récif Scarborough. Réalisation : Alexandre Gandil.
Cette voie maritime chinoise, les Américains l’ont surnommée le « collier de perles ». Elle longe le continent asiatique, contourne notamment l’Inde, et permet de relier d’un côté les rives chinoises et l’île de Hainan, et de l’autre côté Port-Soudan, en Afrique. Sécurisée par le rachat ou la location temporaire d’installations portuaires et aériennes aux voisins de la Chine, elle permet à Pékin de s’assurer une grande liberté commerciale et militaire sur et sous l’eau, ainsi que des approvisionnements sûrs et une surveillance accrue sur ses rivaux. Mais elle l’oblige aussi à s’intéresser d’encore plus près aux Spratleys, situées en périphérie de cette voie maritime.
Quarante ans après avoir décroché la « clé » des eaux du Sud, la Chine est désormais une puissance militaire et navale de tout premier plan. Et se rêve maintenant en maître de toutes les richesses maritimes qui l’entourent. En guise de deuxième partie, Asialyst vous propose ci-dessous une plongée contemporaine au cœur des Spratleys, cet archipel dont la République populaire entend faire sa chasse gardée. Quitte à coaliser tous ses rivaux contre elle autour du lointain protecteur américain. Car ce dernier, qui n’a jamais perdu la région des yeux, tend désormais lui-même à se déployer massivement en Asie. Conseil de lecture : sur les cartes, double-clic pour zoomer ; et pour dézoomer : maj + double-clic.

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A propos de l'auteur
Journaliste et responsable d'édition multimédia pour le site internet de Radio France internationale, en charge de la rubrique Chine maritime et navale à Asialyst.